Livres 2024 (3)
Les livres du début de l'été:
- Un été sans les Hommes **: Incapable de supporter la liaison que son mari, Boris, neuroscientifique de renom, entretient avec une femme plus jeune qu'elle , Mia, poétesse de son état, décide de quitter New York pour se réfugier auprès de sa mère qui, depuis la mort de son mari, a pris des quartiers dans une maison de retraite du Minnesota. En même temps que la jubilation résiliante dont fait preuve le petit groupe de pétillantes veuves octogénaires qui entoure sa mère, Mia va découvrir la confusion des sentiments et les rivalités à l'oeuvre chez les sept adolescentes qu'elle a accepté d'initier à la poésie le temps d'en été tout en nouant une amitié sincère avec Lola, la jeune mère délaissée par un mari colérique et instable.... J'ai bien aimé la percussion des différents stades auxquels elles sont toues confrontées.... avec finalement une mise en perspective de nos préoccupations du moment!
- La femme invisible **: « J’ai chaud. Les dîners finissent plus tôt. Je bois moins. Je vieillis.
Ça peut couper les jambes, mais ça peut aussi porter, soulever, se faire s’envoler, exacerber l’envie et le goût pour les autres, l’enthousiasme, les tentatives, les échecs sans regrets et les petites réussites. Plus « rien à perdre », comme si cela avait été le cas un jour.
J’ai ressenti la cinquantaine comme une crise d’adolescence équipée d’un cerveau. Une libération. Une jubilation ! »
Finis les discours imposés ou les a priori, terminés les regards qui assignent encore et toujours : Maïtena Biraben nous livre son récit, brut, vrai et d’une sincérité désarmante. L’enfance entre quatre frères, les combats d’une jeune maman célibataire, l’amour, le sexe, le travail, le reflet dans le miroir, l’ovale du visage qui change et le premier tatouage. Elle renverse les poncifs et les croyances, part en guerre contre les images, celles de la fille, la sœur, la mère et l’épouse, de l’argent et du succès, qui inhibent et dissimulent, avec une joie féroce et beaucoup d’humour. Un témoignage amusant.
- Filles de la lune **: Alors qu'il travaille dans la forêt, Taketori, un modeste coupeur de bambou, découvre une jeune fille blessée et inconsciente. Il la transporte chez lui, où son épouse Ine la soigne avec un dévouement maternel. A près s'être rétablie, la jeune fille aux origines mystérieuses qui prétend s'appeler Kagaya, mène une vie heureuse auprès de ses parents adoptifs. Cependant la prodigieuse beauté de Kagaya ne tarde pas à attirer l'attention des hommes de la région et entraine bien des vicissitudes. Quand ces histoires parviennent aux oreilles de l'empereur Diago, intrigué, convie la jeune fille à la cour de Heian-Kyo. Une passion débordante mais impossible naître entre eux, car Kaguya cache un intrigant secret. Un conte qui rappelle nos contes européen
- L'intérêt de l'enfant *** : Fiona Maye, juge spécialisée en droit de la famille, est passionnée par son travail. Elle en délaisse son mari, surtout depuis l'affaire Adam Henry: Cet adolescent de dix-sept ans est atteint de leucémie, mais les croyances religieuses de ses parents interdisent toute transfusion sanguine. Les médecins s'en sont remis à la cour. Après avoir entendu les deux parties, Fiona se rend à l'hôpital. Mais la rencontre avec Adam s'avère troublante et, indécise, la magistrate doit rendre son jugement... Dans un style limpide, il crée une ambiance oppressante et déploie une étonnante complexité thématique. Les certitudes se dérobent : où s'arrête et où commence l'intérêt de l'enfant ? J'ai beaucoup aimé ... Le film tiré du roman, "My Lady", est aussi très réussi.
- Le livre des Heures ***: "Marguerite se transporte dans le coin de l'atelier où peint son grand-père. Elle aime qu'il feigne de ne pas l'avoir vue. Elle l'observe manier le pinceau, poser la couleur, et les mains la démangent." Marguerite vit sur le pont Notre-Dame. Sa famille y tient l'échoppe d'enluminure la plus célèbre de Paris. Irrésistiblement attirée par l'atelier et ses couleurs flamboyantes, la jeune fille contemple les livres ornementés que fabrique son grand-père et se rêve artiste à son tour. Au fil du temps, Marguerite, libre et talentueuse, parvient à gagner sa place dans ce domaine réservé aux hommes. Mais au Moyen Âge, qu'il s'agisse d'amour ou de vocation, une femme peut-elle échapper à sa condition ? Un roman historique très documentée permet de plonger dans cette époque (un style qui n'est pas sans rappeler Tracy Chevalier, à son meilleur) mais aussi réaliser que la problématique de la place des femmes dans la société est ...éternelle. A se demander si on la résoudra un jour...