Lectures 2023 (3)
Le Printemps tire à sa fin.... mais la météo (pourrie) me laisse du temps pour fouiller ma (mes) P.A.L.
- La nuit des béguines ***: Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes et des âmes, veille sur les lieux. Mais l'arrivée d'une jeune inconnue trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces imposées et la traque d'un inquiétant franciscain... Alors que le spectre de l'hérésie hante le royaume, qu'on s'acharne contre les Templiers et qu'en place de Grève on brûle l'une des leurs pour un manuscrit interdit, les béguines de Paris vont devoir se battre. Pour protéger Maheut mais aussi leur indépendance et leur liberté. Aline Kiner nous entraîne dans un Moyen Age méconnu. Ses héroïnes, solidaires, subversives et féministes avant l'heure, sont résolument actuelles. Clairement, j'ai trouvé la trame narrative pauvre, pas de véritable élan romanesque...mais comme il est très bien documenté, il m'a vraiment poussé à en savoir plus ... et d'ailleurs 2 livres de plus, dans ce billet, traitent de la condition féminine et du rapport des femmes à la religion au Moyen-Age, qui est loin d'être aussi obscur qu'on nous l'a appris. Très instructif.
- Les Graciées ***: Norvège, 1617. Il a suffi d'une nuit, une nuit de tempête et d'horreur. Depuis que la mer a rendu, cadavre après cadavre, tous les hommes de Vardø, les femmes du village ont pris les choses en main. La pêche. Les travaux domestiques. Mais il était dit, même aux confins du cercle polaire, qu'on ne laisserait jamais les femmes en paix. En vertu du Décret sur la sorcellerie, fraîchement entré en vigueur, il est venu du continent un pasteur étranger : Absalom Cornet, inquisiteur fanatique et chasseur de sorcières. Pour Maren, Kirsten, Ursa et les autres, toutes prisonnières chacune à sa manière, le bûcher est déjà dressé... De nouveau, comment la religion asservit les femmes (pourtant 300 ans après les Beguinages ! ) rien n'est jamais acquis.
- Man *: Orient-Occident. Saigon-Montréal. C'est le parcours de Man, une jeune femme que sa mère a voulu protéger en la mariant à un restaurateur vietnamien exilé au Québec. Man a appris à grandir sans rêver, à vivre transparente. Mais en cuisine, lorsqu'elle réinterprète les recettes toutes simples de son enfance, les émotions se déploient. Un bouillon à la tomate rappelle les déchirements d'un peuple, un dessert rapproche deux cultures, et l'art d'émincer le piment en dit long sur celui de la séduction... of, j'avais adoré le premier livre de cette auteure: Ru, j'en ai lu 2 autres et à chaque fois décue.
- La passion selon Juette ***: Juette naît en 1158 à Huy, une petite ville de l’actuelle Belgique. Mariée à treize ans, elle est veuve cinq ans plus tard. Juette est une femme qui dit non. Non au mariage. Non aux hommes avides. Non au clergé corrompu. Elle n’a qu’un ami et confident, Hugues de Floreffe, un prêtre. À quelles extrémités arrivera-t-elle pour se perdre et se sauver ? Car l’Église n’aime pas les âmes fortes... De ce Moyen Âge traversé de courants mystiques et d’anges guerriers, qui voit naître les premières hérésies cathares, Clara Dupont-Monod a gardé ici une figure singulière de sainte laïque. Après plusieurs livres sur Alienor d'Aquitaine, Clara Dupont-Monod sait nous entraîner dans l'histoire sans oublier de déployer ses personnages.
- Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes °°: Un roman explosif sur un couple de sexagénaires en crise et un portrait mordant de nos sociétés obsédées par la santé et le culte du corps. Pathétique... Quand Remington, la soixantaine, annonce à sa femme son ambition de courir le marathon, Serenata n'en revient pas. Lui qui n'a jamais couru plus de dix mètres de la chambre au salon... . Après l'étouffant " il faut qu'on parle de Kevin", j'étais impatiente de commencer ce livre; la quatrieme de couverture était assez attrayante. Déception totale, j'ai tenu 60 pages, il n'est question que de redite de ce couple qui se répete toujours la même chose. Sans intérêt! Je l'ai déjà déposé dans la boite à livres de mon quartier.
Lecture 2023 (2)
Et voici mes dernières lectures:
- Le vieux fou de dessin ***: Il était une fois au Japon, au coeur du XIX siècle, un petit vendeur des rues, nommé Tojiro. Le jeune garçon rencontre un jour un curieux vieil homme. C'est Katsushika Hokusai, le vieillard fou de dessin, le plus grand artiste japonais, le maitre des estampes, l'inventeur des mangas. Fasciné par son talent, Tojiro devient son ami et son apprenti, et le suit dans son atelier.... Un livre jeunesse qui se joue de l'âge du lecteur. Pour les passionnés de Japon.
- Retour à Killybegs***: "Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes […]. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi […]. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence. » Killybegs, le 24 décembre 2006, Tyrone Meehan. Une vraie découverte: un auteur que je n'avais jamais lu, mais qui sait nous embarquer dans l' histoire de ce pays si proche et finalement assez méconnue : la lutte de l'IRA racontée à la première personne est une réussite. L' humain broyé par des enjeux qui le dépassent, c'est un thème qui traverse les siècles et qui est sûrement encore d'actualité. Coup de coeur parfois dur, mais très instructif!
- Le Dernier Enfant*: C'est le dernier matin, du dernier dimanche. Le dernier petit déjeuner. Dans l'entrée du pavillon, les cartons sont prêts. Aujourd'hui Théo s'apprête à prendre son envol. Pour Anne-Marie, c'est plus qu'un choc, c'est un bouleversement. Rien ne sera plus jamais pareil. Son petit dernier quitte le nid et déjà elle se sent prise d'un vertige. Que va-t-elle faire, désormais, dans cette maison trop grande? Bien sûr, c'est naturel, il veut " vivre sa vie". Mais est-on encore une "mère", quand tous ses enfants sont partis? A la sortie du livre, j'avais lu la quatrième de couv. , hum, je m'étais dit qu'on était en plein cliché et que je ne le lirais surement pas. Et puis quand il est sorti en poche... au détour d'un commentaire flatteur, je me suis laissée tenter ... j'aurais dû rester sur ma première impression. Il était aussi insipide et cliché que je l'avais intuité.
- Fuir et revenir**: En vue de célébrer les 84 ans de leur grand-mère Chitralekha – événement important selon la tradition népalaise –, ses petits-enfants se rendent à Gangtok, dans l'État du Sikkim, au cœur de l'Himalaya indien. Agastaya, médecin new-yorkais reconnu mais toujours célibataire, redoute l'inquisition familiale qui s'annonce, terrifié à l'idée que la raison de son célibat soit révélée. Ses sœurs Manasa et Bhagwati, une épouse malheureuse qui vit à Londres une existence sans saveur, et une fugueuse déshonorée par sa famille et exilée aux Etats-Unis, redoutent tout autant cette réunion. Au fur et à mesure des célébrations, l'affaire se complique... d'autant qu'une servante acerbe et un invité inattendu se joignent à cette mémorable réunion de famille. Une description assez savoureuse des relations avec les aïeules, et entre les membres de la famille qui doit revivre ensemble en mélangeant leur modes de vie, souvent occidentalisés et bien différents de celui de leur enfance. Mais globalement j'ai quand meme été un peu déçue.
Lecture 2023 (1)
Une nouvelle année de lecture:
- Premier Sang ***: Amélie Nothomb est au meilleur quand elle fait une introspection dans les caractères de sa famille. Dans ce livre-ci, elle développe l'enfance de son père: Comment ce petit va se contruire entre ses 4 grands parents, si diamétralement opposés, figures tutélaires, originales et parfois loufoques, voire mal-traitantes....Mais tellement déterminantes dans la future personnalité de ce monsieur. C'est délicieux...
- La fille que ma mère imaginait ****: Tous les trois ans, c'est la même histoire: Se coltiner la fête de départ, le déménagement et de nouveaux cheveux blancs. Accepter la nouvelle destination (Taipei?!), rencontrer les autres "conjointes suiveuses" au café proche du Lycée Français, débattre de sujets cruciaux - les salons de jardin, le yoga. S'inscrire au cours de mandarin, puis abandonner. Arrêter la cigarette et la reprendre le lendemain. Dans son journal intime, l'auteure consigne son quotidien confortable et futile, quand sa mère a un accident. Ressurgissant alors leurs origines modestes, le décès de son père lorsqu'elle était enfant, le déracinement social.... Mon coup de coeur de ce début d'année: C'est d'une rare férocité, avec une écriture très vive... et cela touche juste! On se retrouve forcement dans certaines de ses reflexions et si ce n'est pas toujours confortable, ça fait quand même réflechir!
- Le garçon en pyjmama rayé ***: Pas de résumé de ce livre pour jeunes adolescents, pour leur laisser découvrir. On peut juste dire qu'il s'agit de l'histoire du jeune Bruno que sa curiosité va mener à une rencontre de l'autre côté d'une étrange barrière. (recommandé par l'Education Nationale). Evidement la couverture nous indique sûrement de quoi cela va parler... C'est très bien fait. A mettre dans les mains de vos petits collégiens.
- Les oubliés du Dimanche***: Faute de connaître sa propre histoire, Justine, 21 ans, se passionne pour celle d'Hélène, pensionnaire presque centenaire, de la maison de retraite où la jeune femme est aide-soignante. Sa vie st un roman: sa rencontre avec Lucien en 1933, leur amour, Simon le Juif caché dans la cave, la trahison, la Gestapo.... Justine obtient peu à peu de la vieille dame ses lourds secrets et finit par affronter ceux de sa propre famille. Plusieurs parcours imbriqués avec des allers- retours dans le temps et au final un livre pas mal. J'ai juste regretté la mise en place un peu longue (et franchement déprimante) des divers personnages; après un bon tiers, lecture agréable. Accrochez-vous!
-La plus précieuse de marchandises****: Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron. Non, non, non, rassurez-vous, ce n'est " Le petit Poucet"! Pas du tout. Moi-même tout comme vous je n'aime pas cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir? Allons... Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. La faim sevissait hiver comme été et puis autour de ce bois la guerre mondiale.... Ce petit livre est un conte sur l'Humanité" dans ce qu'elle a de terrible et de plus merveilleux. A lire!
Lecture 2022 (8)
Voilà mon dernier post pour clore mes lectures 2022, avec un bilan très honorables de 38 livres lus en 2022! Clairement une grande année.
- Belle Greene ***: En 1900, au coeur d'une Amérique puritaine et ségrégationniste, elle fume, boit, choisit ses amants et réussit une carrière dont aucune autre femme de sa génération ne pouvait rêver. Elle est d'une modernité inouï! Et toute sa vie est bâtie sur un mensonge explosif... Une biographie de la bibliothécaire de JP Morgan vraiment intéressante avec un style très vivant!
- Vivre avec nos morts **: En tant que rabbin, Delphine Horvilleur est confrontée chaque jour au mystère de la mort. Pour accompagner les mourants et réconforter les endeuillés, elle rente de transmuer l'inéluctable, d'y trouver du sens. Ce petit traité de consolation tresse étroitement trois fils- le conte, l'éxegèse et la confession: la narration d'une existence interrompue, la manière de donner une signification à cette mort à travers les textes de la tradition, et l'évocation d'une blessure intime ou la remémoration d'un souvenir enfoui. Les textes sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les défunts, et "le rôle d'un conteur est de se tenir à la porte pour s'assurer qu'elle reste ouverte", invitant ainsi chacun à faire la paix avec ses disparus et avec sa propore histoire. Pas ininterréssant
- La Brodeuse de Winchester**: Winchester, 1932. Violet Speedwell, trent huit ans, fait partie de ces millions de femmes restées célibataires depuis la pénurie d'hommes d'après-guerre. Pour échapper à une mère acariatre, elle décie de prendre son envol. Mais son célibat lui attire plus de mépris que d'amitié. C'est au sein du Cercle des Brodeuses de la cathédrale qu' elle trouvera le soutien qui lui manquepour affronter les préjugés de son époque. Grâce à Arthur, le sonneur de cloches, elle découvre ainsi un tout autre cercle, masculin cette fois. Au même moment, la radio annonce l'arrivée d'un certain Hitler à la tête de l' Allemagne. J'aime beaucoup cette auteure ...mais je crois qu'elle est meilleure conteuse quand ses intrigues se déroulent avant le XX siècle.
Lecture 2022 (7)
Les livres de la rentrée:
- Les Roses fauves ***: D'origine andalouse, Lola mène en Bretagne une vie solitaire et sans éclat. Dans sa chambre, face au lit où elle s'interdit de rêver, trône une armoire pleine de coeurs en tisssus. Ils renferment les secrets rédigés par ses aïeules avant de mourir. Cette vieille coutume espagnole défend cependant à l'héritière de les ouvrir. Jusqu'au jour où l'un des coeurs se déchire..... Mélant réalité et fiction, il repond parfois à son premier roman "coeur cousu".J'aime bien son univers toujours un peu poétique.
- Je suis le carnet de Dora Maar **: Il était resté glissé dans la poche intérieure du vieil étui en cuir acheté sur internet. Un tout petit répertoire, comme ceux vendus avec les recharges annuelles, daté en 1951. A: Aragon.B/ Breton, Brassaï, Balthus.... J'ai feuilleté avec sidération ces pages un peu jaunies. Chaque fois, leur numéro de téléphone, souvent une adresse. Qui pouvait bien connaître et frayer parmi ces génies du XX siecle? Il m'a fallu trois mois pour savoir que j'avais en main le carnet de Dora Maar. Il m'a fallu deux ans pour faire parler ce répertoire, comprendre la place de chacun dans sa vie et son carnet d'adresses, et approcher le mystère et les secrets de la "femme qui pleure". Dora Maar, la grande photographe qui se donne à Picasso, puis, détruite par la passion, la peintre recluse qui s'abandonne à Dieu. je ne connaissais pas du tout le personnnage, sinon de nom. Intérressant.
- L'axe du Loup***: Sylvain Tesson a refait le long voyage de la Sibérie au Golfe du Bengale qu'effectuaient naguère les évadés du goulag. Pour rendre hommage à ceux dont la soif de liberté a triomphé des obstacles les plus grands, seul, il a franchi les taïgas, la steppe mongole, le désert de Gobi, les hauts plateaux tibétains, la chaîne himalayenne.... Sur 6 000 km, il a connu le froid, la faim, la solitude extrème. La splendeur de la haute Asie l'a récompensé. Mon premier Sylvain Tesson: une véritable claque littéraire et une vraie plume. Le récit n'est presque que prétexte à la beauté des phrases! Impréssionnant. Je compte bien m'attaquer à "la panthère des neige", voyage à l'affut... mais avec un tel auteur, cela promet d'être lumineux.
- Les enfants sont rois****: Mélanie qui a grandi dans le culte de la téléréalité, n'a qu'une idée en tête: devenir célèbre. Mais son unique apparition à l'écran tourne au fiasco. Quelques années plus tard, mariée et mère de famille, elle décide de mettre en scène le quotidien de ses enfants sur You Tube. Le succès ne se fait pas attendre, et la voilà bientôt suivie par des millions d'abonnés. Jusqu'au jour où sa fille disparaît. Des années Loftstory aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, Delphine de Vigan explore les dérives d'une époque où l'on ne vit que pour être vu. J'ai trouvé ce livre vraiment éclairant sur un environnement que l'on perçoit plus ou moins nettement, sans vraiment y prêter attention. La partie distopique est très réaliste et fait froid dans le dos. Delphine de Vigan ne me transporte pas toujours.. mais là: si!
Lecture 2022 (6)
Et pour le mois d'août...
- Tout le bonheur du monde***: Dans leur belle maison de Chicago, David et Marylin s'aiment d'un amour ardent depuis 40 ans. Mais pour leurs quatre filles, Wendy, Violet, Liza et Grace, le modèle est écrasant : comment être à la hauteur quand on a grandi à l'ombre de parents toujours aussi épris l'un de l'autre à soixante ans qu'à vingt ? Chacune surfe sur ce traumatisme inversé à sa manière, entre complicité et vacheries, cachotteries et mensonges, échecs et aspirations. Jusqu'à ce que resurgisse Jonah, quinze ans, le douloureux secret de Violet, authentique avis de tempête sur la météo domestique. Des années 1970 à nos jours, des joies et blessures de l'enfance aux enjeux décisifs de l'âge adulte, Tout le bonheur du monde nous offre une place privilégiée dans ce grand-huit familial endiablé. Effectivement , ce livre se lit comme une série, j'ai beaucoup aimé, notamment les points de vue de chaque personnage, qui montre bien que dans toutes les familles, il y a des non-dits qui engendrent de fausses croyances. Pour celles qui s'en souviennet, c'est un peu comme la série "l'esprit de famille" de Jannine Boissard... mais 15 après, quand les filles ont grandi.
- Salina**: Quand Salina meurt, il revient à son fils, qui a grandi seul avec elle dans le désert, de raconter son histoire, celle d'une femme de larmes, de vengeance et de flamme. Laurent Gaudé réinvente les mythes pour écrire la geste d’une héroïne lumineuse et sauvage. Je garde un souvenir lumineux de "Sous le soleil des Scorta" et "Eldorado", j'ai été décu par celui-ci: bien sûr c'est très bien écrit...mais pour moi un livre plus sauvage que lumineux.
- La nuit du premier jour ***: Lyon, 1896. Blanche est l’épouse modèle d’un soyeux de renom. En dépit de son amour pour ses enfants, elle étouffe parmi ces bourgeois corsetés. Jusqu’à ce que son regard croise celui de Salim, un négociant fortuné de Damas. Elle abandonne tout pour la promesse inespérée du bonheur. Les routes de la soie deviennent celles de la passion et de l’exil. Tandis que sa fille grandit en la croyant morte, Blanche s’invente une nouvelle vie au Levant. Quand la France entre en guerre, l’Empire ottoman réprime dans le sang la révolte arabe. Prises dans la tourmente, mère et fille choisissent chacune la liberté au prix fort. L'histoire m'a emportée, sans doute parce que je suis lyonnaise, alors les canuts, le quartier d'Ainay, ça m'a parlé. Mais c'est aussi une belle histoire d'amour charnel, d'amour filial...
- Quelqu'un d'autre*: Qui n'a jamais eu envie de devenir " quelqu'un d'autre " ? Celui que l'on a toujours voulu être ? Celui qui n'aurait pas abandonné, en cours de route, ses rêves et ses désirs ? Un soir, dans un bar, deux inconnus se lancent un pari. Ils se donnent trois ans, pas un jour de plus, pour devenir cet " autre ". Mais on ne devient pas quelqu'un d'autre impunément. On risque, pour le pire et le meilleur, de se trouver soi-même. LA déception de mes livres de l'été, j'avais beaucoup aimé "Saga" et encore plus "Malavita", le pitch était alléchant, le résultat est poussif, long... Je me suis ennuyée.
Lecture 2022 (5)
Lectures de Juillet:
On en entendait beaucoup parlé au printemps ... et j'ai craqué. De plus, je trouvais que le "risque" pris par cette petite maison d'édition à côté de Bordeaux (Monsieur Toussaint Louverture) était assez beau pour être "recompensé": s'attaquer à une histoire de 1500 pages, la publier en 6 tomes de 250 pages tous les 15 jours à la manière d'un feuilleton. Je trouvais ça gonflé. Et pour ne rien gacher, le travail sur les couvertures de chacun des tomes en fait aussi de beaux objets.
Il s'agit d'une saga de fantasy, avec au final peu de créatures " décrites", c'est globalement plutôt suggéré. Evidement le premier tome pose les bases de l'histoire, donc peut paraître un peu statique. Concernant les suivants, le rythme de l'intrigue est soutenu. Dépaysant... ;-)
Pour vous mettre en haleine: Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l'Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l'implacable crue de la rivière Blackwater. Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s'apprêtent à se relever… mais c'est sans compter l'arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d'une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.
Lecture 2022 (4)
Décidement, ce blog devient exclusivement mon témoin de lecture... et 2022 est un bron crû!
- Et la vie reprit son cours *** : Chaque jour, Ruth se félicite d'avoir écouté sa petite voix intérieure: c'est bien en République Dominicaine qu'il lui fallait poser ses valises. Chez elle. Il suffit de regarder sa fille Gaya pour en être sûre. A la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine et apaisée. En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère. Petit à petit, la vie reprend son cours, et Ruth, tout comme Arturo et Nathan, sème les graines de sa nouvelle vie, loin des bouleversements de son époque: guerre des Six-Jours, assassinat de Martin Luther King, chute de Salvador Allende... Jusqu'au jour où Lizzie, son amie d'enfance, revient à Sosùa dans des conditions douloureuses....
- Un invincible été *** : Depuis son retour à Sosùa, en République Dominicaine, Ruth se bat aux côtés d'Almah pour les siens et pour la mémoire de sa communauté, alors que les touristes commencent à déferler sur l'île. Passionnée, sa fille Gaya affirme son indépendance et part étudier aux Etats-Unis, où Arturo et Nathan mènent leurs vies d'artistes. Mais l'Histoire, comme toujours, les rattrape: de l'attentat du World Trade Center au terrible séisme de 2010 en Haïti, en passant par les émeutes en République Dominicaine... chacun devra tracer son chemin, malgré les obstacles et la folie du monde. J'ai vraiment beaucoup aimé cette saga, qui est certes romancée mais s'appuie aussi sur des faits historiques réels. On s'attache aux personnages. Vraiment bien
- La splendeur des Brunhoff *** : Les Brunhoff semblent bénis des Dieux. Tout ce qu'ils touchent se transforme en or. Jean de Brunhoff donne naissance à Babar, un des plus célèbres personnages de la littérature enfantine, sa soeur Cosette et son beau-frere Lucien Vogel lancent "Vogue", la bible de la Mode et "Vu", l'ancêtre de "Paris-Match", tandis que Michel met sur orbite Christian Dior et Yves Saint Laurent. Cette famille franco-allemande, pacifiste dès la Grande Guerre, sera parmi les premiers opposants d'Hitler, dénonçant très tôt l'antisémitisme. La nièce de Jean, Marie-Claude, jeune photographe pour "Vu", réalisera un scoop mondial lors d'un reportage en 1933: les photos de Dachau, le premier camp de concentraition nazi. De la Belle Epoque jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, la famille de Babar a traversé les tempêtes avec le panache des grands explorateurs. Une plongée dans la vie vraie des gens, et des épreuves qu'ils traversent, loin des clichés. Très instructif
- Blackwater - la Crue ** : Alors que les flots sombres et menaçants de la rivière submergent Perdido, une petite ville du sud de l'Alabama, les Caskey, une riche famille de propriétaires, doivent faire face aux innombrables dégâts provoqués par la crue. Mené par Mary-Love, la puissante Matriarche, et par Oscar, son fils dévoué, le clan s'apprête à se réveler. Mais c'est sans compter l'apparition, aussi soudaine que mystérieuse, d'Elinor Dammert, jeune femme séduisante au passé trouble, dont le seul dessein semble être de s'immiscer au coeur de la famille Caskey. La premièer moitié du livre est un peu "longue" à se mettre en place. Perséverer pour les amateurs de fantastique, la suite est délicieuse (j'en parlerais dans mon prochain billet)!
- La patience des traces **** : Psychanalyste, Simon a fait profession d'écouter les autres, au risque de faire taire sa propre histoire. A la faveur d'une brèche dans le quotidien - un bol cassé - vient le temps du rendez-vous avec lui-même. Il lui faudra quitter sa ville au bord de l'Océan et l'île des émotions intenses de sa jeunesse, s'éloigner du trio tragiquement éclaté qui hante son ciel depuis si longtemps. Ce sera un Japon inconnu et sur les îles subtropicales de Yaeyama, avec les très sages et très vifs Monsieur et Madame Itô, la naissance d'une nouvelle géométrie amicale. A l'autre bout du monde et au delà du langage, Simon en fait l'expérience sensible: la rencontre avec soi passe par la rencontre avec l'autre. Premier livre de cette auteure: une vraie découverte, c'est délicat et profond. Je suis déjà allée acheter "Profanes", un autre de ses livres. Je recommande!
Lectures 2022 (3)
- Les mains du Miracle ***: A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Felix Kersten est spécialisé dans les massages thérapeutiques. Parmi sa clientèle huppée figurent les grands d'Europe. Pris entre les principes qui constituent les fondements de sa profession et ses convictions, le docteur Kersten consent à examiner Himmler, le puissant chef de la Gestapo. Affligé d'intolérables douleurs d'estomac, celui-ci en fait bientôt son médecin personnel. C'est le début d'une étonnante lutte, Felix Kersten utilisant la confiance du fanatique bourreau pour arracher des milliers de victimes à l'enfer. Romancier mais aussi journaliste de formation, Joseph Kessel nous raconte ici l'incroyable histoire du Docteur Kersten, un Juste, bien méconnu, et fait le portrait à peine croyable des ces dirigeants nazis, tellement déglingués autant physiquement qu'intellectuellement!
- La décision ***: Mai 2016: dans une aile ultrasécurisée du Palais de Justice, la juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'Etat Islamique en Syrie. A ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime: mariée depuis plus de vingt ans à un écrivain à succès sur le déclin, Alma entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays.... Pas mal, mais j'avais largement préferé "Les choses Humaines".
- Filles de la mer ***: Corée1943. Hana a vécu toute sa vie sous l'occupation japonaise. En tant que hayenyeo, femme plongeuse en mer, elle jouit sur l'île de Jeju d'une indépendace que peu d'autres Coréennes peuvent encore revendiquer. Jusqu'au jour où Hana sauve sa soeur cadette, Emi, d'un soldat japonais et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d'autres coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie. Emi passera sa vie à chercher Hana et à essayer d'oublier le sacrifice que sa soeur a fait pour elle. Mais les haenyeo sont des femmes de pouvoir et de force... plus de soixante plus tard, Emi saura-t-elle affrontrer le passé et les horreurs de la guerre pour retrouver enfin la paix? Un témoignage romancé très réussi. Les allers/retours entre les 2 périodes et les 2 héroines sont bien identifiés et donnent du rythme à l'histoire.
- Les déracinés **: Almah et Wilhelm se rencontrent dans la Vienne brillante des années 30. Après l'Anschluss, le climat de plus en plus hostile aux juifs les pousse à quitter leur ville natale, avant qu'il ne soit trop tard. Perdus sur les routes de l'exil, ils tirent leur force de l'amour qu'ils se portent: puissant, invicible ou presque. Ils n'ont d'autres choix que de partir en République Dominicaine, où le dictateur promet 100 000 visas aux Juifs d'Europe. Là, tout est à construire et les colons retroussent leurs manches. Pour bâtir, en plein coeur de la jungle hostile, plus qu'une colonie: une famille, un avenir. Quelque chose qui ressemble à la vie, peut-être au bonheur.... Basée sur des faits historiques rééls et donc bien ancrée dans son époque, cette saga raconte l'histoire de la famille Rosenheck, et à travers elle, on plonge dans les remous du XX siècle. Le 1er tome est un peu long mais très bien ecrit... on a envie de lire la suite!
- L'Américaine ***: Septembre 1961. Du pont du bâteau sur lequel elle a embarqué, Ruth tourne le dos à son île natale, la République Dominicaine. En ligne de mire: New York. Elle en est sûr, bientôt elle sera journaliste comme l'était son père, Wilhelm. Très vite, elle devient une véritable new-yorkaise et vit au rythme du rock, de l'amitié, des amours et des bouleversements du temps: l'assassinat de Kennedy, la marche pour les droits civiques, les frémissements de la contre-culture... Mais Ruth se cherche. Qui est-elle vraiment? Dominicaine, née de parents juifs autrichiens? Américaine d'adoption? Dans cette période de doute, elle est entourée par trois femmes fortes et inspirantes: sa mère Almah en République Dominicaine, sa tante Myriam à New York et sa marraine Svenja en Israël symbolisent son déchirement entre ses racines multiples. J'ai bien aimé ce deuxieme tome, qui plonge dans les années d'après guerre à la fin des années 60, un peu à la manière du film "Forrest Gump". Evidemment je suis en train de lire le tome 3 et j'enchaînerai avec le dernier tome! Suite dans mon prochain billet.
Lectures 2022 (2)
Voici mes dernières lectures:
- Les conflits d'une mère **: Dans "le pouvoir au féminin", Elizabeth Badinter nous a fait découvrir Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780), la souveraine la plus puissante de son temps. Son art de la diplomatie et sa finesse psychologique ont marqué les esprits ... tout comme ses seize enfants (sic) et son affection jamais démentie pour son mari volage. Ce nouvel ouvrage revèle un aspect caché de la personnalité de celle qui fût une mère complexe, fort soucieuse de ses enfants, capable de la plus grande tendresse, mais aussi parfois de dureté, voire d'injustice. Une femme souvent tiraillée entre les choix que lui dictait son coeur et ceux imposés par la raison d'Etat. Pas ininteressant
- Mémoire de soie *** : Ce 9 juin 1936, Emile a vingt ans. Il part pour son service militaire. C'est la première fois qu'il quitte la magnanerie, où étaient élevés les vers à soie jusqu'à la fin de la Grande Guerre. Glissé au fond du sac, le livret de famille. A l'intérieur, deux prénoms. Celui de sa mère, et un autre, Baptistin. Ce n'est pas son père... Pour comprendre, il faut dévider le cocon et tirer le fil, jusqu'au premier acte de cette malédiction familiale. J'ai beaucoup aimé ce livre qui rend compte de l'âpreté des conditions de vie et des relations humaines à une époque finalement pas si lointaine (pour moi, cela resonne avec ce que mes grands-parents me racontaient de leur vie).
- S'adapter*** : C'est l'histoire d'un enfant différent, toujours allongé, aux yeux noirs qui flottent, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C'est surtout l'histoire de la place dans la fraterie et dans ces enfances bouleversées. La naissance d'un enfant handicapé racontée par sa fraterie: je n'en dirais pas plus sur l'histoire. Il faut le lire! Le parti-pris de l'auteure de découper en partie pour mieux cerner le vécu de chaque enfant est très réussi.
- Poupée volée** : Léda est en vacances au bord de la mer. Elle était subjuguée par une famille et en particulier une jeune femme, Nina et sa fille Elena. Quand la petite Elena perd sa poupée, c'est toute la famille qui se mobilise pour la retrouver et ne pas gâcher ses vacances, jusqu'à mener des actions inquiétantes telle une battue organisée sur la plage. Or c'est Léda qui a pris la poupée. Pourquoi ce geste insensé? C'est par le portrait d'une femme qui oscille entre raison et folie, dont l'auteure essaie de nous donner les clés: le transfuge de classe et les affres de la maternité sont des thèmes récurrents chez Elena Ferrante (déjà traité dans la série de l'Amie Prodigieuse). Pas mal. plus concis que la série de l'Amie prodigieuse qui, à mon avis, finissait par être poussive.
- Ma vie de cafard **** : Au cours des années 70, dans l'état de New-York, Violet Rue Kerrigan, 12 ans, dénonce ses grands frères qui ont tué un jeune Afro-américain dans un accès de violence raciste. Sa famille d'ascendance irlandaise, ne lui pardone pas d'avoir entraîné leur arrestation. Violet est alors bannie de chez elle. Avec une grande finesse psychologique, Joyce Carol Oates intérroge la nature du lien familial et l'écartelement entre le sens de la Justice et la loyauté de son clan. J'ai beaucoup aimé: le style, la profondeur et la dualité des personnages.