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Luette Esper

2 décembre 2024

Livres 2024 (6)

Mes lectures se poursuivent....

 

- Matrix ** Que disent les livres d’histoire sur Marie de France ? Qu’elle est la première femme de lettres à écrire en français. Pourtant, sa vie reste un mystère. Matrix lève le voile sur ce destin hors du commun. Expulsée de la cour par Aliénor d’Aquitaine, la « bâtarde au sang royal » est contrainte à l’exil dans une abbaye d’Angleterre. Loin de la détruire, cette mise à l’écart suscite chez elle une révélation : elle se vouera dès lors à la poursuite de ses idéaux, à sa passion du texte et des mots. Une approche contemporaine de la vie des moniales du XII siècle, qui nous renseigne sur leur mode de vie et les problématiques éternelles que rencontrent les femmes: leur rapport aux autres femmes et aux hommes, leur place à conquérir et l'amour.... Eclairant, quoique un peu longuet parfois.

 

- Lumière pâle sur les collines *Après le suicide de sa fille aînée, Etsuko, une Japonaise installée en Angleterre, se replonge dans les souvenirs de sa vie. Keiko, née d'un premier mariage au Japon, ne s'est jamais acclimatée à l'Angleterre, et surtout elle n'accepta pas le remariage de sa mère avec un homme qu'elle considéra toute sa vie comme un parfait étranger. Mais peut-être l'explication du drame demeure-t-elle enfouie dans le Japon de l'après-guerre, à Nagasaki, ville martyre qui se relevait des plaies de la guerre et du traumatisme de la bombe, durant cet étrange été où, alors qu'elle attendait la naissance de Keiko, Etsuko se lia d'amitié avec la plus solitaire de ses voisines, Sachiko, une jeune veuve qui élevait sa fille, la petite Mariko... Ce premier roman de Kazuo Ishiguro ne vaut que pour son témoignage de la vie au Japon dans l'immédiate après-guerre avec notamment les stigmates liés à l'explosion des bombes atomiques; pour ce qui concerne les allers retours avec la période en Angleterre, cela ne débouche sur rien qu'une vaste dépression où mère et fille ne se rencontrent pas vraiment. Finalement, à peine la moitié du livre intéressante, c'est bien maigre pour un prix Nobel.

 

- Avec les fées **L'été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. C'est dommage : les yeux de l'homme moderne ne captent plus de fantasmagories. Au XIIe siècle, le moindre pâtre cheminait au milieu des fantômes. On vivait dans les visions. Un Belge pâle (et très oublié), Maeterlinck, avait dit : « C'est bien curieux les hommes... Depuis la mort des fées, ils n'y voient plus du tout et ne s'en doutent point. » Le mot fée signifie autre chose. C'est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle de l'immémorial et de la perfection. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d'un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées. Elles apparaissent parce qu'on regarde la nature avec déférence. Soudain, un signal. La beauté d'une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement. Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l'île de Man, de l'Irlande et de l'Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j'allais relier les miettes de ce déchiquètement. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux. Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d'y voir. Je partais. Avec les fées. Je trouve que Sylvain Tesson est toujours plus lyrique quand il est en mouvement, c'est encore vrai pour ce périple... Pourtant, il m'a moins emmenée que "Dans l'axe du Loup" qui reste mon préféré; et vous?

 

- A prendre ou à laisser **Ils l'ont décidé depuis longtemps. Pour ne pas disparaître dans l'indignité, la sénilité, la misère d'un système de santé défaillant, Kay et Cyril mettront fin à leur vie le jour de leurs 80 ans – ensemble. Depuis lors, la petite pilule attend sur les étagères du frigo, dans une boîte à savon. Mais l'échéance approchant, le vieux couple ne voit plus la chose du même œil. Tandis que la date fatidique approche, douze fins potentielles s'ouvrent à eux. Douze options possibles. À prendre. Ou à laisser. Une réflexion sur notre rapport à la vieillesse et sur l'art délicat de préparer sa sortie. Un sujet universel... auquel on n'a pas toujours envie de penser! Évidemment ne cherchez pas une réponse à la fin.... mais une réflexion sur la vie, qui a souvent beaucoup plus d'imagination que nous.

 

- Cap Horn **: Ce recueil de nouvelles semble avoir été composé par Francisco Coloane dans la foulée de Tierra del Fuego. On y retrouve sa muse, la sculpturale Patagonie chilienne, avec ses reliefs abrupts, la désolation de ses grands espaces balayés par un vent infernal terminant son souffle au terrible cap Horn, que l'on dirait directement sorti de l'imagination du diable. C'est dans ce paysage que se déroulent ces histoires que nous conte Francisco Coloane. Elles permettront au lecteur de respirer en secrète harmonie avec le monde. Comme a dit Suzie Morgenstern (la Grande Librairie du 27/11/24): "je lis pour faire le tour du Monde sans empreinte carbone", ce recueil de nouvelles nous emmène aux antipodes, à la rudesse de ces lieux inhospitaliers où des gens vivent, laissent parfois parler leurs pulsions ou s'en cacher, viennent chercher une nouvelle chance.... Ce recueil m'a donné envie de lire son oeuvre majeure: Tierra Del Fuego.

 

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24 octobre 2024

Livres 2024 (5)

Mes lectures de fin d'été et d'automne,

 

- La bibliomule de Cordoue ***:  Califat d'Al Andalus, Espagne. Année 976 Voilà près de soixante ans que le califat est placé sous le signe de la paix, de la culture et de la science. Le calife Abd el-Rahman III et son fils al-Hakam II ont fait de Cordoue la capitale occidentale du savoir. Mais al-Hakam II meurt jeune, et son fils n'a que dix ans. L'un de ses vizirs, Amir, saisit l'occasion qui lui est donnée de prendre le pouvoir. Il n'a aucune légitimité, mais il a des alliés. Parmi eux, les religieux radicaux, humiliés par le règne de deux califes épris de culture grecque, indienne, ou perse, de philosophie et de mathématiques. Le prix de leur soutien est élevé : ils veulent voir brûler les 400 000 livres de la bibliothèque de Cordoue. La soif de pouvoir d'Amir n'ayant pas de limites, il y consent. La veille du plus grand autodafé du monde, Tarid, eunuque grassouillet en charge de la bibliothèque, réunit dans l'urgence autant de livres qu'il le peut, les charge sur le dos d'une mule qui passait par là et s'enfuit par les collines au nord de Cordoue, dans l'espoir de sauver ce qui peut l'être du savoir universel. Une fois n'est pas coutume, je lis habituellement peu de romans graphiques. C'est un tort, quand ceux ci sont bien documentés, c'est un régal (d'autres lectures graphiques à venir, d'ailleurs). 

 

- Le jour des cendres **** : Pierre Niémans et son adjointe Ivana Bogdanovitch, de l’office central des crimes de sang, sont envoyés en Alsace pour une nouvelle enquête. Un homicide a eu lieu au sein d’une communauté religieuse qui vit, sur le modèle des anabaptistes, de ses exploitations agricoles, et notamment de son prestigieux vignoble. Dans un monde de pure innocence, quel peut être le mobile d’un tueur ? Dans une communauté sans péché, comment le sang peut-il couler ? À moins qu’à l’inverse… Le coupable soit le seul innocent de la communauté. Un page Turner très réussi. Il ya bien longtemps que je ne lisais plus de JC Grangé, je les trouvais trop gores; ce n'est pas le cas de celui-ci.

 

- Le silences des pères **** Un fils apprend le décès de son père. Ils s’étaient éloignés ; un malentendu, des non-dits, et la distance était devenue infranchissable. Le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour vider l’appartement. Il y découvre une enveloppe de cassettes audio, chacune datée et portant un nom de lieu. Son père y raconte sa vie en France, année après année. Ce livre est lumineux: il traite de l'exil, de ce que l'on choisit de transmettre ou pas, quitte à se renfermer et ne pas vraiment "rencontrer" ses enfants pour qu'ils ne portent pas le poids des traumas des parents. 

 

- Comment j'ai tué mon père ***À onze ans, Sara Jaramillo Klinkert perd son père, avocat colombien, assassiné par un tueur à gages. Rien ne sera plus jamais comme avant. La petite fille privilégiée, élevée par des parents aimants dans une somptueuse villa entourée de végétation luxuriante, est soudain obligée de quitter l’enfance.Comment devenir adulte lorsque la violence a terrassé l’innocence ? Comment parler à sa mère, qui doit élever seule ses cinq enfants ?Loin de la plainte et de la lamentation, l’autrice remonte le fleuve de ses souvenirs d’enfant pour affronter ses traumatismes et ceux de ses frères. On ne sort jamais indemne d'un tel drame et ce récit, en partie à hauteur d'enfant, montre comment chacun le gère comme il peut.

 

- Le dernier des Siens **1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d'Histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l'Europe. Lors d'une traversée, il assiste au massacre d'une colonie de grands pingouins et sauve l'un d'eux. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer celui qui sera le dernier spécimen sur terre de l'oiseau. Au cours des quinze années suivantes, Gus et Prosp vont voyager des îles Féroé vers l'Islande. Gus prend progressivement conscience qu'il est peut-être le témoin d'une chose inconcevable à l'époque : l'extinction d'une espèce. Alors qu'il a fondé une famille, il devient obsédé par le destin de son ami à plumes, au détriment de tout le reste. Mais il vit une expérience unique, à la portée métaphysique troublante : que veut dire aimer ce qui ne sera plus jamais ? Clairement j'ai été séduite par la 1 ère et la quatrième de couverture, mais finalement un peu déçue du texte.

 

26 août 2024

Livres 2024 (4)

Voici les livres des vacances 2024:

 

- Et c'est ainsi que nous vivrons ***Août 2045. À la suite d'une nouvelle Sécession, l'Amérique s'est scindée en deux. D'un côté, la République affiche son progressisme et sa liberté de mœurs, au prix d'une surveillance totale de sa population. De l'autre, la Confédération s'est constituée en théocratie puritaine, où le blasphème et l'avortement peuvent conduire au bûcher. C'est là, justement, que doit s'infiltrer l'agent Samantha Stengel – pour un assassinat ciblé. Une mission fratricide à plus d'un titre, dans les fractures secrètes des États Désunis... Une dystopie qui paraît très réaliste aux vues de l'actualité... et une intrigue d'esponniage plutôt bien menée. J'ai bien aimé; cet auteur s'essaie dans ses ouvrages à des genres différents et quasi à chaque fois, il m'embarque!

 

-L'énigme de la stuga ****Lykke Andersen, éditrice accomplie, compagne d’un auteur renommé et mère de jumeaux, a tout pour être heureuse. À l’occasion de la fête suédoise de l’Écrevisse, elle organise un dîner dans leur maison de campagne. En ce doux mois d’août, l’alcool coule à flots et les convives entonnent à cœur joie des chants traditionnels nordiques. Mais, dès le lendemain, ce cadre idyllique devient une scène de crime effroyable. Bonnie, la meilleure amie de ses fils, est retrouvée morte dans la stuga, la dépendance des garçons. Ces derniers nient catégoriquement être en cause alors que la porte était fermée à clé de l’intérieur… Huit ans plus tard, Lykke, placée en détention provisoire, va devoir se replonger dans le passé. Un page-turner de plage, de gare, d 'après-midi de pluie... qu'importe! Addictif!

 

-Noyade ***Derrière la porte des Haynes, bat le cœur palpitant d'une famille au bord de l'implosion... Les enfants Haynes et leurs conjoints sont réunis autour d'Elizabeth, matriarche hiératique. En apparence, la dynastie incarne la parfaite success story américaine. Mais à vouloir se conformer à cette image de réussite, ils se sont enfermés dans des rôles de composition. Combien de temps pourront-ils encore taire leurs mensonges et leurs trahisons sans en payer le prix ? Accepteront-ils de tomber les masques alors qu'une nouvelle tragédie les frappe ? Le poids des apparences et des non-dits, malaisant mais une étude des personnages assez nuancée.

 

-Mon mari **" Excepté mes démangeaisons inexpliquées et ma passion dévorante pour mon mari, ma vie est parfaitement normale. " Elle a la vie dont elle rêvait : une belle maison, deux enfants, l'homme idéal. Après quinze ans de vie commune, elle ne se lasse pas de dire : " Mon mari ! " Pourtant elle veut plus encore : il faut qu'ils s'aiment comme au premier jour. Alors elle s'impose une discipline de fer pour entretenir la flamme. Elle l'observe, note ses fautes, tend des pièges, le punit en conséquence. Elle est follement amoureuse de lui. Jusqu'au jour où, évidemment, elle va trop loin... Véritable phénomène d'édition, j'ai fini par succomber sur les recommandations d'une amie. Bien, mais comme je l'ai lu après tout le monde, je suis quand même un peu déçue!

 

-Le nageur *"Une fois dans l'eau, si muette mais si éloquente, il est suffisamment hors du monde pour ne plus adhérer à l'instant. Le voilà connecté à l'universel et l'intemporel pour le temps que durera son parcours. Qui nage se sent détaché de l'ordinaire de la vie. Il flotte au-dessus." Champion de France et d'Europe, recordman du monde de natation, Alfred Nakache fut sélectionné pour représenter la France aux Jeux olympiques de Berlin en 1936, puis à ceux de Londres en 1948. Entre les deux, il connut l'épreuve suprême d'une vie. Dénoncé par un rival à la Gestapo, il fut déporté avec sa femme et leur fille. D'Auschwitz à Buchenwald en passant par la marche de la mort, il survécut grâce à une volonté et une constitution athlétique hors du commun. L'histoire de cet homme force évidemment le respect et en cet été olympique, j'avais hâte de le lire: j'ai été très déçue par le style journalistique chirurgical du récit (du documentaire je devrais dire), limite ennuyant ce qui est quand même un comble avec une histoire pareille! 

 

- Le mage du Kremlin ***"Le pouvoir est comme le soleil et la mort, il ne peut se regarder en face. Surtout en Russie." On l'appelait le mage du Kremlin. L'énigmatique Vadim Baranov fut metteur en scène puis producteur d'émissions de télé-réalité avant de devenir l'éminence grise de Poutine. Après sa démission du poste de conseiller politique, les légendes sur son compte se multiplient, sans que nul puisse démêler le faux du vrai. Jusqu'à ce que, une nuit, il confie son histoire au narrateur de ce livre... De la guerre en Tchétchénie à la crise ukrainienne, Le mage du Kremlin dévoile les dessous de l'ère Poutine et s'impose comme le grand roman de la Russie contemporaine. Ce livre est édifiant et d'après ce que j'ai lu par ailleurs, extrêmement bien documenté sur le système politique russe. Un éclairage indispensable mais qui fait poser des questions sur les réponses diplomatiques apportées par l'Occident aux agissements de Poutine.

 

30 juillet 2024

Livres 2024 (3)

Les livres du début de l'été:

 

- Un été sans les Hommes **: Incapable de supporter la liaison que son mari, Boris, neuroscientifique de renom, entretient  avec une femme plus jeune qu'elle , Mia, poétesse de son état, décide de quitter New York pour se réfugier auprès de sa mère qui, depuis la mort de son mari, a pris des quartiers dans une maison de retraite du Minnesota. En même temps que la jubilation résiliante dont fait preuve le petit groupe de pétillantes veuves octogénaires qui entoure sa mère, Mia va découvrir la confusion des sentiments et les rivalités à l'oeuvre chez les sept adolescentes qu'elle a accepté d'initier à la poésie le temps d'en été tout en nouant une amitié sincère avec Lola, la jeune mère délaissée par un mari colérique et instable.... J'ai bien aimé la percussion des différents stades auxquels elles sont toues confrontées.... avec finalement une mise en perspective de nos préoccupations du moment!

 

- La femme invisible **« J’ai chaud. Les dîners finissent plus tôt. Je bois moins. Je vieillis.
Ça peut couper les jambes, mais ça peut aussi porter, soulever, se faire s’envoler, exacerber l’envie et le goût pour les autres, l’enthousiasme, les tentatives, les échecs sans regrets et les petites réussites. Plus « rien à perdre », comme si cela avait été le cas un jour.
J’ai ressenti la cinquantaine comme une crise d’adolescence équipée d’un cerveau. Une libération. Une jubilation ! »
Finis les discours imposés ou les a priori, terminés les regards qui assignent encore et toujours : Maïtena Biraben nous livre son récit, brut, vrai et d’une sincérité désarmante. L’enfance entre quatre frères, les combats d’une jeune maman célibataire, l’amour, le sexe, le travail, le reflet dans le miroir, l’ovale du visage qui change et le premier tatouage. Elle renverse les poncifs et les croyances, part en guerre contre les images, celles de la fille, la sœur, la mère et l’épouse, de l’argent et du succès, qui inhibent et dissimulent, avec une joie féroce et beaucoup d’humour. Un témoignage amusant.

 

- Filles de la lune **: Alors qu'il travaille dans la forêt, Taketori, un modeste coupeur de bambou, découvre une jeune fille blessée et inconsciente. Il la transporte chez lui, où son épouse Ine la soigne avec un dévouement maternel. A près s'être rétablie, la jeune fille aux origines mystérieuses qui prétend s'appeler Kagaya, mène une vie heureuse auprès de ses parents adoptifs. Cependant la prodigieuse beauté de Kagaya ne tarde pas à attirer l'attention des hommes de la région et entraine bien des vicissitudes. Quand ces histoires parviennent aux oreilles de l'empereur Diago, intrigué, convie la jeune fille à la cour de Heian-Kyo. Une passion débordante mais impossible naître entre eux, car Kaguya cache un intrigant secret. Un conte qui rappelle nos contes européen

 

- L'intérêt de l'enfant ***Fiona Maye, juge spécialisée en droit de la famille, est passionnée par son travail. Elle en délaisse son mari, surtout depuis l'affaire Adam Henry: Cet adolescent de dix-sept ans est atteint de leucémie, mais les croyances religieuses de ses parents interdisent toute transfusion sanguine. Les médecins s'en sont remis à la cour. Après avoir entendu les deux parties, Fiona se rend à l'hôpital. Mais la rencontre avec Adam s'avère troublante et, indécise, la magistrate doit rendre son jugement... Dans un style limpide, il crée une ambiance oppressante et déploie une étonnante complexité thématique. Les certitudes se dérobent : où s'arrête et où commence l'intérêt de l'enfant ? J'ai beaucoup aimé ... Le film tiré du roman, "My Lady", est aussi très réussi.

 

- Le livre des Heures ***:  "Marguerite se transporte dans le coin de l'atelier où peint son grand-père. Elle aime qu'il feigne de ne pas l'avoir vue. Elle l'observe manier le pinceau, poser la couleur, et les mains la démangent." Marguerite vit sur le pont Notre-Dame. Sa famille y tient l'échoppe d'enluminure la plus célèbre de Paris. Irrésistiblement attirée par l'atelier et ses couleurs flamboyantes, la jeune fille contemple les livres ornementés que fabrique son grand-père et se rêve artiste à son tour. Au fil du temps, Marguerite, libre et talentueuse, parvient à gagner sa place dans ce domaine réservé aux hommes. Mais au Moyen Âge, qu'il s'agisse d'amour ou de vocation, une femme peut-elle échapper à sa condition ? Un roman historique très documentée permet de plonger dans cette époque (un style qui n'est pas sans rappeler Tracy Chevalier, à son meilleur) mais aussi réaliser que la problématique de la place des femmes dans la société est ...éternelle. A se demander si on la résoudra un jour...

 

 

1 juin 2024

Livres 2024 (2)

Voici la suite de mes lectures du printemps:

 

- Trancher ***Cela faisait des années qu'elle croyait Aurélien guéri de sa violence, des années que ses paroles lancées comme des couteaux n'avaient plus déchiré leur quotidien. Mais un matin de septembre, devant leurs enfants ahuris, il a rechuté : il l'a de nouveau insultée. Malgré lui, plaide-t-il. Pourra-t-elle encore supporter tout ça ? Elle aura quarante ans le 3 janvier. Elle se promet d'avoir décidé pour son anniversaire. Une lecture édifiante: l'auteur décortique les mécanismes d'emprise qui conduisent à la violence. Eclairant et glaçant.

 

-Apeirogon ****Rami Elhanan est israélien, fils d'un rescapé de la Shoah, ancien soldat de la guerre du Kippour ; Bassam Aramin est palestinien, et n'a connu que la dépossession, la prison et les humiliations. Tous deux ont perdu une fille dans le conflit. Abir avait dix ans, Smadar, treize ans. Passés le choc, la douleur, les souvenirs, le deuil, il y a l'envie de sauver des vies. Eux qui étaient nés pour se haïr décident de raconter leur histoire et de se battre pour la paix. Afin de restituer cette tragédie immense, ce conflit infini, et de rendre hommage à l'histoire vraie de cette amitié, Colum McCann nous offre une œuvre totale à la forme inédite. Compte tenu de l'actualité, je voulais me plonger dans ce (gros) livre, j'avais peur qu'il soit un peu indigeste, j'avais tort! Le style est alerte et ancré dans le réel plutôt que donneur de leçons. Profondément humaniste, il prend le parti des Hommes et nous donne l'espoir d'une paix .

 

-Dans les forêts de Sibérie *"Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie. J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal. Là, pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché de vivre dans la lenteur et la simplicité. Je crois y être parvenu. Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à l'existence. Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si la richesse revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ? Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu." Plutôt déçue par cette lecture, finalement assez statique. J'avais été emportée par "l'axe du loup", pas cette fois.

 

-Quelle n'est pas ma joie ***Ce roman d'une vie vécue longuement à la place d'une autre mêle les surprises, la rancoeur, l'agressivité et la jalousie. Et les regrets : "Nous, qui ne sommes plus aimés, nous devons choisir entre la vengeance et la compréhension", écrit ainsi Ellinor. Ce livre est une apostrophe, à la fois exercice de deuil, de mémoire et de réflexion, où le "tu" donne une immédiateté nouvelle à la palette du grand écrivain qu'est Jens Christian Grøndahl. Inattendue et assez savoureux!

 

-La définition du bonheur ***"Pour Clarisse, le bonheur n'existait pas dans la durée et la continuité (cela, c'était le mien), mais dans le fragment, sous forme de pépite qui brillait d'un éclat singulier, même si cet éclat précédait la chute." Ève et Clarisse ne se connaissent pas. À leur insu, un lien mystérieux unit ces deux femmes. La première habite New York, l'autre Paris. L'une s'épanouit entre une vie de famille stable et une modeste carrière de chef. L'autre, ogre de vie, passionnée d'Asie et grande amoureuse, porte en elle une faille qui annonce le désastre. Des années 1980 à nos jours, chacune, face aux aléas du destin, tente de préserver un bonheur impossible à domestiquer. Très bien.

 

-Une forme de vie ***: "Ce matin là, je reçus une lettre d'un genre nouveau." Ce roman épistolaire est très touchant. La forme est inhabituelle: l'auteure nous raconte sa relation épistolaire avec un correspondant (sans doute fictif) inattendu: un G.I. en poste en Irak. Un roman court mais une belle surprise.

 

 

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10 avril 2024

Livres 2024 (1)

Voilà, ce blog n'est plus que le reflet des mes lectures; mais j'aime bien l' idée qu'elles soient déposées quelque part, alors je n'ai pas forcement très confiance dans les stats de Canalblog (provenance des consultations: Canada en 1er..puis Etats Unis, France, Nouvelle Zélande , Portugal et Chine .... my Godness, suis-je vraiment lu aussi loin ;-)) ) .... mais je continue.

Alors pour ce début d' année:

livres 2024 1

 

- Tant que le café est encore chaud ***: Dans une petite ruelle de Tokyo se trouve Funiculi Funicula, un petit établissement au sujet duquel circulent mille légendes. On raconte notamment qu’en y dégustant un délicieux café, on peut retourner dans le passé. Mais ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et dure tant que le café est encore chaud. Quatre femmes vont vivre cette singulière expérience. Ce délicat roman introspectif est aussi une belle réflexion sur le temps qui passe, et il s’en dégage une douce philosophie qui nous incite à vivre pleinement le présent. 

- Le café du temps retrouvé *** :  La magie continue avec Le Café du temps retrouvé, un petit bijou d'émotion qui nous invite à savourer la vie au présent. On y retrouve la galerie des personnages du premier tome. A mi-chemin entre le conte philosophique et le livre de développement personnel, matiné de japonisme, je me suis laissée embarquer et je vais surveiller la parûtion en poche du dernier tome (qui vient de sortir en France).

 

- La collection disparue ** : Tout a commencé avec une liste de tableaux griffonnée par un cousin que je connaissais à peine. Sur ce bout de papier, des chefs-d'oeuvre impressionnistes, Renoir, Monet, Degas, exposés aujourd'hui dans les plus grands musées du monde, qui ont tous appartenu un jour à mon arrière-grand-père, Jules Strauss. Je ne savais rien de son histoire ni de sa collection disparue. Que s'est-il passé en 1942 ? Que restait-il de sa collection lorsque l'appartement familial fut perquisitionné par les nazis ? Ces quelques mots notés à la hâte allaient changer ma vie, me conduire du Louvre au musée de Dresde, des archives de la Gestapo au ministère de la Culture. Un reportage plutôt qu'un roman, même si parfois le périple de ces oeuvres frise le romanesque. 

 

- Elle et son chat °°: Chobi savoure sa vie de chat auprès de la maîtresse qui l’a recueilli, une jeune femme connaissant à la fois les avantages de l’indépendance et les affres de la solitude. Les yeux du félin assistent à ce quotidien qui s’écoule lentement, oscillant entre moments chaleureux et moments teintés d’amertume, entre jours de soleil et jours de pluie. Je ne suis pas très "roman graphique", sans doute plus attachée aux textes qu'aux dessins, je les gobe. Mais, là, rien!! Il ne se passe rien, je n'ai pas compris l'intérêt de ce manga. Bon, je suis sans doute passé à côté, si quelqu'un l'a lu et aimé... éclairez moi dans les commentaires ;-))

 

- Le don d'Asher Lev *** : Depuis vingt ans qu'il vit en France, Asher Lev partage sa vie entre sa foi et la peinture. Mais de retour à Brooklyn pour l'enterrement d'un oncle, il constate que la communauté juive hassidique ne lui a toujours pas pardonné son départ. Un nouveau bras de fer s'engage : Asher devra choisir entre le sacré et le profane. Un choix qui cette fois menace l'intégrité même de sa famille... Nos racines nous construisent, et nous donnent un socle mais parfois elles nous entravent... même adulte, même quand on a tout fait pour s'en libérer. Peut-être pas aussi percutant que le premier tome ("je m'appelle Asher Lev"); c'est encore du grand Chaïm Potok.

 

- Le livre des soeurs *** :  Les mots ont le pouvoir qu'on leur donne: pour quelqu'un qui n'aimait pas Amélie Nothomb... En ce moment, j'en ai un nouveau par billet de lecture! Et celui-ci m'a fait de l'oeil par son titre et je n'ai pas été déçue: j'ai adoré cette relation, si bien décrite et qui traverse les années. Une sororité indéfectible et respectueuse, un rêve....

 

 

 

 

 

 

 

 

6 février 2024

Livres 2023 (7)

Voilà les (presque) toutes dernières lectures de l'année:

 

livres 2023 6

 

* Komodo *:  Sur l’invitation de son frère Roy, Tracy quitte la Californie et rejoint l’île de Komodo, en Indonésie. Elle espère passer des vacances paradisiaques: une semaine de plongée en compagnie de requins et de raies manta, loin de son mari distant et leurs jumeaux épuisants. C’est aussi l’occasion de renouer avec Roy, qui mène une vie chaotique depuis son divorce et s’est éloigné de sa famille. Mais la tension monte et Tracy perd pied, submergée par une vague de souvenirs, de rancœurs et de reproches. Dès lors, chaque nouvelle immersion dans un monde sous-marin fascinant l’entraîne de plus en plus près du point de non-retour. Le premier tiers du livre est engageant... et puis ça part en vrille alors que les personnages n'ont pas toute l'épaisseur que l'on pourrait attendre. Bof

 

* Nous aurons été vivants :  Est-ce Lorette, partie il y a sept ans sans laisser la moindre trace ni mot d’explication, qui se tient, en ce matin d’avril 2017, de l’autre côté du boulevard ? Hannah, sa mère, croit un instant l’apercevoir. Peut-être a-t-elle rêvé. Mais, dès lors, plus rien ne peut se passer comme avant : violent séisme intérieur, la vision a fait rejaillir tout ce qu’elle avait tenté d’oublier. Ce même jour, plusieurs destins, chacun lié à Hannah, voient leur existence basculer. Une journée particulière, donc, mais aussi trente ans de la vie intime d’Hannah Bauer, femme, artiste, mère, prise dans les soubresauts de son histoire familiale et de celle de l’Europe, Nous aurons été vivants est un hymne à la vie. Bizarrement, je l'ai lu fin octobre ... et je n'en garde aucun souvenir... raison pour laquelle je ne mettrais pas de note.

 

* La ville de vapeur ** :  Un architecte qui fuit Constantinople avec les plans d'une bibliothèque inexpugnable, un étrange cavalier qui arrive à convaincre un tout jeune écrivain (accessoirement nommé Miguel de Cervantes) d'écrire un roman inégalable... On retrouve dans ce recueil une atmosphère et des thématiques familières aux lecteurs de Zafón : des écrivains maudits, des bâtisseurs visionnaires, des identités usurpées, une Barcelone gothique et certains des personnages phares de la tétralogie du Cimetière des livres oubliés, tels Semperé, Andreas Corelli ou David Martin. Il se dégage de l'ensemble une unité parfaite et un charme profond et envoûtant, dans un halo de mystère (et de vapeur). Un recueil de nouvelles, qui donne envie de se plonger dans l'oeuvre de cet auteur, que je ne connaissais que de nom... Vous connaissez?

 

* Métaphysique des tubes ****:  Jusqu'à deux ans et demi, Amélie se décrit comme un tube digestif, inerte et végétatif. Puis vient l'événement fondateur qui la fait chuter dans l'univers enfantin. Durant six mois s'ensuit la découverte du langage, des parents, des frères et sœurs, des nourrices japonaises, du jardin paradisiaque, des passions (le Japon et l'eau), des dégoûts (les carpes), des saisons, du temps. Tout ce qui, à partir de trois ans, constitue la personne humaine à jamais. Car à cet âge-là, tout est joué, le bonheur comme la tragédie... Jubilatoire! Et si j'ai plusieurs fois trouvé les romans d'Amélie Nothomb très inégaux... celui ci est une très grande réusssite.


* Le crépuscule de Shigezo ***:  Akiko est une femme au foyer de Kyoto. Sa vie s'écoule entre courses, cuisine et éducation de son fils adolescent. Mais l'équilibre est rompu le jour où sa belle-mère meurt brusquement. Son beau-père, Shigezo, un home autoritaire et conservateur, devient sénile. C'est sur Akiko que va reposer la lourde tâche de s'occuper de Shigezo. Alors que le vieil homme glisse vers une seconde enfance, Akiko découvrira qu'il symbolise peut-être l'amour le plus authentique, le plus désintéressé qu'elle ait jamais connu. J'avais déjà lu "les femmes de Kimoto" de cette auteure, que j'avais beaucoup aimé. Cette intrigue se déroule dans un Japon plus contemporain, mais est tout aussi éclairante sur le grand ecart entre la vie de la maisonnée et ce que l'on souhaite montrer à l'extérieur; mais aussi comment gerer le grand age des Anciens.... Bref, matière à réflexion

25 septembre 2023

Livres 2023 (6)

Mes derniers livres de l'été:

livrs 2023 6

 

- Quand tu écouteras cette chanson ***: Le 18 août 2021, Lola Lafon a passé la nuit au musée Anne Frank, dans l’Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose. Comment l’appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment ? Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ? Son témoignage est notamment très éclairant sur la réalité de la vie d'Anne Franck, mais surtout son utilisation dans les décennies suivantes. Bien sûr, l'histoire familiale de l'auteure va resonner plus fort cette nuit là....

 

- La princesse et le pêcheur ***En la personne de Nam, jeune Vietnamien depuis peu réfugié en France, la narratrice croit reconnaître le prince charmant. Ils sympathisent, se revoient, se confient, s’inventent un territoire secret. Mais quelque chose éloigne les gestes de l’amour – comme une gêne, un malentendu. A quelque temps de là, elle accompagne ses parents au Viêtnam, où ils retournent pour la première fois. Devant elle, née en France, élevée et protégée en fille unique, le rideau se déchire. Les secrets affleurent, les rencontres dévoilent les tragédies qu’ont connues les siens. Que Nam a laissées derrière lui, peut-être…  Empreint d’une fausse candeur profondément mélancolique, La Princesse et le Pêcheur dessine les renoncements nécessaires de l’adolescence, le deuil de l’enfance et l’adieu au chimérique pays des origines bouleversé par l’Histoire. Ou simplement le temps. Plus violent que les contes… C'est tout ça mais aussi d'une histoire d'amitié qui disparait sans que l'on sache vraiment pourquoi et qui parfois nous interroge longtemps après.

 

- Deux petites bourgeoises ****Esther et Héloïse se sont rencontrées au collège et sont depuis inséparables. Issues d'un milieu aisé, elles grandissent ensemble et parcourent le même chemin : mariage, enfants, divorce et histoires d'amour semblables. Mais la vie d'Héloïse bascule soudainement. Un roman sur la bourgeoisie que l'on méprise, l'amitié que l'on mésestime et la mort que l'on cache. Ce petit livre (lu en une soirée!) est une carte postale de nos années collège/lycée (l'auteure est née en 1966 ;-).Mais c'est aussi et surtout un témoignage de l'injustice crasse de la vie quel que soit son milieu social et des pages magnifiques sur l'amité! Et oui tout ça en 120 pages! Bravo à Colombe Schneck!

 

- La nuit des Pères ***Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années de séparation, il s'agit peut-être de l'ultime possibilité de comprendre qui était cet homme destructeur, si difficile à aimer - et qui n'aura cessé de se dérober aux siens pour partir obstinément arpenter la montagne. Sur une poignée de jours, l'histoire familiale se noue et se dénoue. Quel drame s'est-il joué autrefois pour faire planer sur eux trois l'ombre des silences jamais percés ? À travers leurs voix qui se succèdent affleurent l'ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu'à son crépuscule. J'aime beaucoup les livres de cette auteure ... et là encore, elle frappe juste.

 

- un bûcher sous la neige ***Au coeur de l'Écosse du XVIIᵉ siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d'une prison putride, le révérend Charles Leslie, venu d'Irlande, l'interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Depuis sa geôle, la voix de Corrag s'élève au-dessus des légendes de sorcières et raconte les Highlands enneigés, les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse. Jour après jour, la créature maudite s'efface. Et du coin de sa cellule émane une lumière, une grâce, qui vient semer le trouble dans l'esprit de Charles. Une plongée dans le Moyen-Age pour le moins rugueux! C'était le temps des clans et des allégeances. Corrag nous embarque dans l'histoire de sa vie et malgré quelques longueurs, le récit est très réussi.

 

5 septembre 2023

Livres 2023 (5)

Voici mes livres de l'été:

livres 2023 5

 

- Une vie inestimable ***Prudence, soixante-dix-neuf ans, est ligotée chez elle par deux adolescents. Ces apprentis voleurs sont persuadés que la vieille dame détient une fortune, puisqu’elle aurait offert, semble-t-il, des cadeaux d’une « valeur inestimable » à ses petits-enfants. Prudence leur dévoile alors la vraie nature de sa richesse. À travers son récit, c’est un parcours fascinant qui se dessine. Un peu à la manière du film "Slumdog Millionnaire", on traverse la vie de Prudence ... et c'est déléctable.

 

- Ce que nous confions au vent *** :  Sur les pentes abruptes du mont Kujira-yama, au milieu d'un immense jardin, se dresse une cabine téléphonique : le Téléphone du vent. Chaque année, des milliers de personnes décrochent le combiné pour confier au vent des messages à destination de leurs proches disparus. En perdant sa mère et sa fille, emportées par le tsunami de 2011, Yui a perdu le sens de sa vie. C'est pour leur exprimer sa peine qu'elle se rend au mont Kujira-yama, où elle rencontre Takeshi, qui élève seul sa petite fille. Mais une fois sur place, Yui ne trouve plus ses mots... Auteure d'origine italienne, Laura Imai Messina écrit toutefois  un "vrai" roman japonnais (elle y habite depuis 15 ans et est mariée à un japonnais). Bref c'est délicat et subtil comme un mochi!

 

- Un tesson d'éternité***Anna Gauthier mène une existence à l’abri des tourments entre sa pharmacie, sa villa surplombant la mer et sa famille soudée.
Dans un climat social inflammable, un incident survient et son fils Léo, lycéen sans histoire, se retrouve aux prises avec la justice. Anna assiste impuissante à l’écroulement de son monde, bâti brique après brique, après avoir mesuré chacun de ses actes pour en garder le contrôle.
Un livre qui met super mal à l'aise et qui confirme que l'on n'échappe pas à son passé. J'avais déjà beaucoup aimé "les guerres intérieures", celui-ci aussi est très réussi: l'auteure sait trouver l'accroc qui va bouleverser le chateau de cartes de la vie de ses personnages.

 

- Jours d'orage**: Toscane, 1960. Suite à un terrible orage, une jeune veuve américaine se voit piégée au cœur d’un village isolé. Elle y fait la connaissance du marquis Eduardo Carleone qui, quinze ans plus tôt, a perdu sa femme, exécutée par les nazis lors d’un massacre dans la bourgade. Lorsque les villageois découvrent l’un de leurs tortionnaires parmi un groupe de touristes, ils décident de se faire justice eux-mêmes. J'ai été très déçue par la mièvrerie et la prédictibilité de l'intrigue, surtout de la part de l'auteure d'"Inconnu à cette adresse", qui est un de mes livres préferés.

 

- La petite dame en son jardin de Bruges *Charles Bertin, qui est né en 1919, a rêvé de sa grand-mère, morte depuis un demi-siècle. Au matin, ce rêve lui est apparu comme le signe qu’il fallait sans délai rendre visite à la petite dame en son jardin de Bruges. J'avais eu l'occasion de voir passer ce titre sur les réseaux avec plusieurs recos élogieuses. Trouvé dans la bibliothèque à la montagne, j'ai éssayé; c'est lent comme les jours "bof" où l'on s'ennuyait chez nos grands mères. Note à moi-même : toutes les recos ne sont pas bonnes à prendre ;-) !!
 

- Kilomètre zero **Maëlle, directrice financière d'une start-up en pleine expansion, n'a tout simplement pas le temps pour les rêves. Mais quand sa meilleure amie, Romane, lui demande un immense service - question de vie ou de mort -, elle accepte malgré elle de rejoindre le Népal. Elle ignore que l'ascension des Annapurnas qu'elle s'apprête à faire sera aussi le début d'un véritable parcours initiatique. Au cours d'expériences et de rencontres bouleversantes, Maëlle va apprendre les secrets du bonheur profond et transformer sa vie. Mais réussira-t-elle à sauver son amie ? Je ne suis pas sûre de vraiment adhérer au roman de développement personnel.

 

4 juillet 2023

Livres 2023 (4)

Les derniers livres du printemps....

 

livres 2023 4

 

- Otages ° : Sylvie est une femme banale, modeste, ponctuelle, bonne camarade, une femme simple, sur qui on peut compter. Lorsque son mari l’a quittée, elle a essayé de faire comme si tout allait bien. Lorsque son patron lui a demandé de faire des heures supplémentaires, de surveiller les autres salariés, elle n’a pas protesté. Jusqu’à ce matin de novembre où elle se révolte contre toute cette violence du monde, des autres, contre sa solitude. En une nuit, elle détruit tout. Ce qu’elle fait est condamnable, passable de poursuites, d’un emprisonnement… mais le temps de cette révolte Sylvie se sent enfin vivante. Elle renaît. L'histoire d'un burn-out qui tourne mal. J'ai été très mal à l'aise à la lecture de ce livre, sans pour autant trouver le personnage crédible. Il part dans une boite à livres...peut-être qu'un autre lecteur l'appréciera.

 

- Nous étions l'avenir ***: “Le kibboutz n’est pas un village au paysage pastoral, avec ses habitants pittoresques, ses poules et ses arbres de Judée. C’est une oeuvre politique, et rares sont les gens de par le monde qui ont vécu, par choix et de leur libre volonté, une telle expérience, la plus ambitieuse qui fut jamais tentée. Qui pourrait dire non à une tentative de fonder un monde meilleur, un monde d’égalité et de justice? Nous n’avons pas dit non. Nous avons déserté.” Avec humour, compassion, mais aussi avec une lucidité totale, Yaël Neeman raconte l’histoire du kibboutz Yehi’am, que ses parents, originaires de Hongrie, ont participé à fonder. À travers les yeux d’une enfant puis d’une adolescente qui ne sait pas dire “je”, qui se fond mentalement dans un “nous” permanent au service d’une utopie hors d’atteinte, elle initie le lecteur à cette vie si particulière. Jusqu’au jour où la séparation se produit. Une analyse d’une fécondité extrême sur l’individu, la société, le poids des idéologies et des bonnes intentions, dans ce qui fut une expérience incroyablement audacieuse. Un documentaire très éclairant, sur une expérience sociale, que je connaissais mal. Fascinant, car un peu comme dans "une éducation" de Tara Westover, ou l'excellent film "Capitaine Fantastique"; le récit à la première personne est raconté à hauteur d'enfant puis analysé en adulte. Très instructif. 

 

-  Six mois, six jours **Juliana Kant, une des femmes les plus riches d’Allemagne, a une brève aventure avec un homme dont elle ne sait rien. Mais, au bout de quelques mois, l'homme menace de révéler l’histoire à la presse : leurs ébats ont été filmés. Juliana la milliardaire dénonce le gigolo. On emprisonne celui-ci, la morale est presque sauve. Pourtant, tout n’est pas si simple qu’il y paraît… Dans ce roman troublant, Karine Tuil dévoile la toile de fond de cette aventure risquée : quelle est l'origine de la fortune familiale ? Pourquoi le grand-père de Juliana, premier mari de Magda Goebbels et militant nazi, n'a-t-il pas été arrêté à la fin de la guerre ? Sait-on que le père d'adoption de Magda était un juif qu'elle a renié puis laissé mourir ? Pourquoi les Kant ont-ils gardé le silence sur leurs activités industrielles sous le Reich ? Pas mal

 

- L'amant de Patagonie ***: 1880, alors que l'évangélisation décime le Nouveau Monde, Emily est envoyée en Patagonie en tant que « gouvernante » des enfants du révérend. Elle qui ne sait rien de la vie découvre la beauté sauvage de la nature, les saisons de froid intense et de soleil lumineux, toute l'âpre splendeur des peuples de l'eau et de la forêt. La si jolie jeune fille, encore innocente, découvre aussi l'amour, avec Aneki, un autochtone yamana. Alors, sa vie bascule. Réprouvée, en marge de la civilisation blanche, Emily fugue, rejoint Aneki et croit vivre une passion de femme libre. Jusqu'au drame. J'ai acheté ce livre par curiosité pour voir si Isabelle Autissier était aussi bonne conteuse que navigatrice. C'est un oi! Très bien documenté, on est emporté par la rude vie d'Emily.

 

- la maîtresse du peintre ***L'histoire saisissante et vraie de Geertje Dircx, maîtresse désavouée du peintre Rembrandt, ici réhabilitée. Un jour de juillet 1650, Geertje Dircx est arrêtée par la ville d'Amsterdam, poussée de force dans une voiture et conduite à la Spinhuis de Gouda, maison de correction pour femmes où elle restera enfermée douze ans. A l'origine de cette arrestation aussi brutale qu'inattendue, Rembrandt van Rijn, l'amant de Geertje. 
Jugée par contumace, elle revient depuis sa cellule sur les années qui ont précédé son arrestation et sur son idylle avec le célèbre peintre. S'appuyant sur des documents historiques et des sources sérieuses, 
La maîtresse du peintre redonne voix à Geertje Dircx, injustement désignée par l'histoire comme une profiteuse et une déséquilibrée. À l'encontre de l'image répandue d'un artiste visionnaire et intouchable, Simone van der Vlugt dresse de Rembrandt le portrait d'un homme sombre et manipulateur. Un roman formidable et puissant qui redonne sa place à une femme réduite au silence car jugée trop gênante. une vraie découverte de cette autrice: la Tracy Chevalier néérlandaise! Je lirais certainement ses autres romans (notamment Bleu de Delft) qui donne à voir la société néérlandaise à son Age d'Or.

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Luette Esper
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