Livres 2023 (6)
Mes derniers livres de l'été:
- Quand tu écouteras cette chanson ***: Le 18 août 2021, Lola Lafon a passé la nuit au musée Anne Frank, dans l’Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose. Comment l’appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment ? Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ? Son témoignage est notamment très éclairant sur la réalité de la vie d'Anne Franck, mais surtout son utilisation dans les décennies suivantes. Bien sûr, l'histoire familiale de l'auteure va resonner plus fort cette nuit là....
- La princesse et le pêcheur ***: En la personne de Nam, jeune Vietnamien depuis peu réfugié en France, la narratrice croit reconnaître le prince charmant. Ils sympathisent, se revoient, se confient, s’inventent un territoire secret. Mais quelque chose éloigne les gestes de l’amour – comme une gêne, un malentendu. A quelque temps de là, elle accompagne ses parents au Viêtnam, où ils retournent pour la première fois. Devant elle, née en France, élevée et protégée en fille unique, le rideau se déchire. Les secrets affleurent, les rencontres dévoilent les tragédies qu’ont connues les siens. Que Nam a laissées derrière lui, peut-être… Empreint d’une fausse candeur profondément mélancolique, La Princesse et le Pêcheur dessine les renoncements nécessaires de l’adolescence, le deuil de l’enfance et l’adieu au chimérique pays des origines bouleversé par l’Histoire. Ou simplement le temps. Plus violent que les contes… C'est tout ça mais aussi d'une histoire d'amitié qui disparait sans que l'on sache vraiment pourquoi et qui parfois nous interroge longtemps après.
- Deux petites bourgeoises ****: Esther et Héloïse se sont rencontrées au collège et sont depuis inséparables. Issues d'un milieu aisé, elles grandissent ensemble et parcourent le même chemin : mariage, enfants, divorce et histoires d'amour semblables. Mais la vie d'Héloïse bascule soudainement. Un roman sur la bourgeoisie que l'on méprise, l'amitié que l'on mésestime et la mort que l'on cache. Ce petit livre (lu en une soirée!) est une carte postale de nos années collège/lycée (l'auteure est née en 1966 ;-).Mais c'est aussi et surtout un témoignage de l'injustice crasse de la vie quel que soit son milieu social et des pages magnifiques sur l'amité! Et oui tout ça en 120 pages! Bravo à Colombe Schneck!
- La nuit des Pères ***: Appelée par son frère Olivier, Isabelle rejoint le village des Alpes où ils sont nés. La santé de leur père décline, il entre dans les brumes de l'oubli. Après de longues années de séparation, il s'agit peut-être de l'ultime possibilité de comprendre qui était cet homme destructeur, si difficile à aimer - et qui n'aura cessé de se dérober aux siens pour partir obstinément arpenter la montagne. Sur une poignée de jours, l'histoire familiale se noue et se dénoue. Quel drame s'est-il joué autrefois pour faire planer sur eux trois l'ombre des silences jamais percés ? À travers leurs voix qui se succèdent affleurent l'ambivalence des sentiments filiaux et les violences invisibles, ces déchirures qui poursuivent un homme jusqu'à son crépuscule. J'aime beaucoup les livres de cette auteure ... et là encore, elle frappe juste.
- un bûcher sous la neige ***: Au coeur de l'Écosse du XVIIᵉ siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d'une prison putride, le révérend Charles Leslie, venu d'Irlande, l'interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Depuis sa geôle, la voix de Corrag s'élève au-dessus des légendes de sorcières et raconte les Highlands enneigés, les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse. Jour après jour, la créature maudite s'efface. Et du coin de sa cellule émane une lumière, une grâce, qui vient semer le trouble dans l'esprit de Charles. Une plongée dans le Moyen-Age pour le moins rugueux! C'était le temps des clans et des allégeances. Corrag nous embarque dans l'histoire de sa vie et malgré quelques longueurs, le récit est très réussi.
Livres 2023 (5)
Voici mes livres de l'été:
- Une vie inestimable *** : Prudence, soixante-dix-neuf ans, est ligotée chez elle par deux adolescents. Ces apprentis voleurs sont persuadés que la vieille dame détient une fortune, puisqu’elle aurait offert, semble-t-il, des cadeaux d’une « valeur inestimable » à ses petits-enfants. Prudence leur dévoile alors la vraie nature de sa richesse. À travers son récit, c’est un parcours fascinant qui se dessine. Un peu à la manière du film "Slumdog Millionnaire", on traverse la vie de Prudence ... et c'est déléctable.
- Ce que nous confions au vent *** : Sur les pentes abruptes du mont Kujira-yama, au milieu d'un immense jardin, se dresse une cabine téléphonique : le Téléphone du vent. Chaque année, des milliers de personnes décrochent le combiné pour confier au vent des messages à destination de leurs proches disparus. En perdant sa mère et sa fille, emportées par le tsunami de 2011, Yui a perdu le sens de sa vie. C'est pour leur exprimer sa peine qu'elle se rend au mont Kujira-yama, où elle rencontre Takeshi, qui élève seul sa petite fille. Mais une fois sur place, Yui ne trouve plus ses mots... Auteure d'origine italienne, Laura Imai Messina écrit toutefois un "vrai" roman japonnais (elle y habite depuis 15 ans et est mariée à un japonnais). Bref c'est délicat et subtil comme un mochi!
- Un tesson d'éternité*** : Anna Gauthier mène une existence à l’abri des tourments entre sa pharmacie, sa villa surplombant la mer et sa famille soudée.
Dans un climat social inflammable, un incident survient et son fils Léo, lycéen sans histoire, se retrouve aux prises avec la justice. Anna assiste impuissante à l’écroulement de son monde, bâti brique après brique, après avoir mesuré chacun de ses actes pour en garder le contrôle.
Un livre qui met super mal à l'aise et qui confirme que l'on n'échappe pas à son passé. J'avais déjà beaucoup aimé "les guerres intérieures", celui-ci aussi est très réussi: l'auteure sait trouver l'accroc qui va bouleverser le chateau de cartes de la vie de ses personnages.
- Jours d'orage**: Toscane, 1960. Suite à un terrible orage, une jeune veuve américaine se voit piégée au cœur d’un village isolé. Elle y fait la connaissance du marquis Eduardo Carleone qui, quinze ans plus tôt, a perdu sa femme, exécutée par les nazis lors d’un massacre dans la bourgade. Lorsque les villageois découvrent l’un de leurs tortionnaires parmi un groupe de touristes, ils décident de se faire justice eux-mêmes. J'ai été très déçue par la mièvrerie et la prédictibilité de l'intrigue, surtout de la part de l'auteure d'"Inconnu à cette adresse", qui est un de mes livres préferés.
- La petite dame en son jardin de Bruges *: Charles Bertin, qui est né en 1919, a rêvé de sa grand-mère, morte depuis un demi-siècle. Au matin, ce rêve lui est apparu comme le signe qu’il fallait sans délai rendre visite à la petite dame en son jardin de Bruges. J'avais eu l'occasion de voir passer ce titre sur les réseaux avec plusieurs recos élogieuses. Trouvé dans la bibliothèque à la montagne, j'ai éssayé; c'est lent comme les jours "bof" où l'on s'ennuyait chez nos grands mères. Note à moi-même : toutes les recos ne sont pas bonnes à prendre ;-) !!
- Kilomètre zero **: Maëlle, directrice financière d'une start-up en pleine expansion, n'a tout simplement pas le temps pour les rêves. Mais quand sa meilleure amie, Romane, lui demande un immense service - question de vie ou de mort -, elle accepte malgré elle de rejoindre le Népal. Elle ignore que l'ascension des Annapurnas qu'elle s'apprête à faire sera aussi le début d'un véritable parcours initiatique. Au cours d'expériences et de rencontres bouleversantes, Maëlle va apprendre les secrets du bonheur profond et transformer sa vie. Mais réussira-t-elle à sauver son amie ? Je ne suis pas sûre de vraiment adhérer au roman de développement personnel.
Livres 2023 (4)
Les derniers livres du printemps....
- Otages ° : Sylvie est une femme banale, modeste, ponctuelle, bonne camarade, une femme simple, sur qui on peut compter. Lorsque son mari l’a quittée, elle a essayé de faire comme si tout allait bien. Lorsque son patron lui a demandé de faire des heures supplémentaires, de surveiller les autres salariés, elle n’a pas protesté. Jusqu’à ce matin de novembre où elle se révolte contre toute cette violence du monde, des autres, contre sa solitude. En une nuit, elle détruit tout. Ce qu’elle fait est condamnable, passable de poursuites, d’un emprisonnement… mais le temps de cette révolte Sylvie se sent enfin vivante. Elle renaît. L'histoire d'un burn-out qui tourne mal. J'ai été très mal à l'aise à la lecture de ce livre, sans pour autant trouver le personnage crédible. Il part dans une boite à livres...peut-être qu'un autre lecteur l'appréciera.
- Nous étions l'avenir ***: “Le kibboutz n’est pas un village au paysage pastoral, avec ses habitants pittoresques, ses poules et ses arbres de Judée. C’est une oeuvre politique, et rares sont les gens de par le monde qui ont vécu, par choix et de leur libre volonté, une telle expérience, la plus ambitieuse qui fut jamais tentée. Qui pourrait dire non à une tentative de fonder un monde meilleur, un monde d’égalité et de justice? Nous n’avons pas dit non. Nous avons déserté.” Avec humour, compassion, mais aussi avec une lucidité totale, Yaël Neeman raconte l’histoire du kibboutz Yehi’am, que ses parents, originaires de Hongrie, ont participé à fonder. À travers les yeux d’une enfant puis d’une adolescente qui ne sait pas dire “je”, qui se fond mentalement dans un “nous” permanent au service d’une utopie hors d’atteinte, elle initie le lecteur à cette vie si particulière. Jusqu’au jour où la séparation se produit. Une analyse d’une fécondité extrême sur l’individu, la société, le poids des idéologies et des bonnes intentions, dans ce qui fut une expérience incroyablement audacieuse. Un documentaire très éclairant, sur une expérience sociale, que je connaissais mal. Fascinant, car un peu comme dans "une éducation" de Tara Westover, ou l'excellent film "Capitaine Fantastique"; le récit à la première personne est raconté à hauteur d'enfant puis analysé en adulte. Très instructif.
- Six mois, six jours **: Juliana Kant, une des femmes les plus riches d’Allemagne, a une brève aventure avec un homme dont elle ne sait rien. Mais, au bout de quelques mois, l'homme menace de révéler l’histoire à la presse : leurs ébats ont été filmés. Juliana la milliardaire dénonce le gigolo. On emprisonne celui-ci, la morale est presque sauve. Pourtant, tout n’est pas si simple qu’il y paraît… Dans ce roman troublant, Karine Tuil dévoile la toile de fond de cette aventure risquée : quelle est l'origine de la fortune familiale ? Pourquoi le grand-père de Juliana, premier mari de Magda Goebbels et militant nazi, n'a-t-il pas été arrêté à la fin de la guerre ? Sait-on que le père d'adoption de Magda était un juif qu'elle a renié puis laissé mourir ? Pourquoi les Kant ont-ils gardé le silence sur leurs activités industrielles sous le Reich ? Pas mal
- L'amant de Patagonie ***: 1880, alors que l'évangélisation décime le Nouveau Monde, Emily est envoyée en Patagonie en tant que « gouvernante » des enfants du révérend. Elle qui ne sait rien de la vie découvre la beauté sauvage de la nature, les saisons de froid intense et de soleil lumineux, toute l'âpre splendeur des peuples de l'eau et de la forêt. La si jolie jeune fille, encore innocente, découvre aussi l'amour, avec Aneki, un autochtone yamana. Alors, sa vie bascule. Réprouvée, en marge de la civilisation blanche, Emily fugue, rejoint Aneki et croit vivre une passion de femme libre. Jusqu'au drame. J'ai acheté ce livre par curiosité pour voir si Isabelle Autissier était aussi bonne conteuse que navigatrice. C'est un oi! Très bien documenté, on est emporté par la rude vie d'Emily.
- la maîtresse du peintre ***: L'histoire saisissante et vraie de Geertje Dircx, maîtresse désavouée du peintre Rembrandt, ici réhabilitée. Un jour de juillet 1650, Geertje Dircx est arrêtée par la ville d'Amsterdam, poussée de force dans une voiture et conduite à la Spinhuis de Gouda, maison de correction pour femmes où elle restera enfermée douze ans. A l'origine de cette arrestation aussi brutale qu'inattendue, Rembrandt van Rijn, l'amant de Geertje.
Jugée par contumace, elle revient depuis sa cellule sur les années qui ont précédé son arrestation et sur son idylle avec le célèbre peintre. S'appuyant sur des documents historiques et des sources sérieuses, La maîtresse du peintre redonne voix à Geertje Dircx, injustement désignée par l'histoire comme une profiteuse et une déséquilibrée. À l'encontre de l'image répandue d'un artiste visionnaire et intouchable, Simone van der Vlugt dresse de Rembrandt le portrait d'un homme sombre et manipulateur. Un roman formidable et puissant qui redonne sa place à une femme réduite au silence car jugée trop gênante. une vraie découverte de cette autrice: la Tracy Chevalier néérlandaise! Je lirais certainement ses autres romans (notamment Bleu de Delft) qui donne à voir la société néérlandaise à son Age d'Or.
Lectures 2023 (3)
Le Printemps tire à sa fin.... mais la météo (pourrie) me laisse du temps pour fouiller ma (mes) P.A.L.
- La nuit des béguines ***: Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes et des âmes, veille sur les lieux. Mais l'arrivée d'une jeune inconnue trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces imposées et la traque d'un inquiétant franciscain... Alors que le spectre de l'hérésie hante le royaume, qu'on s'acharne contre les Templiers et qu'en place de Grève on brûle l'une des leurs pour un manuscrit interdit, les béguines de Paris vont devoir se battre. Pour protéger Maheut mais aussi leur indépendance et leur liberté. Aline Kiner nous entraîne dans un Moyen Age méconnu. Ses héroïnes, solidaires, subversives et féministes avant l'heure, sont résolument actuelles. Clairement, j'ai trouvé la trame narrative pauvre, pas de véritable élan romanesque...mais comme il est très bien documenté, il m'a vraiment poussé à en savoir plus ... et d'ailleurs 2 livres de plus, dans ce billet, traitent de la condition féminine et du rapport des femmes à la religion au Moyen-Age, qui est loin d'être aussi obscur qu'on nous l'a appris. Très instructif.
- Les Graciées ***: Norvège, 1617. Il a suffi d'une nuit, une nuit de tempête et d'horreur. Depuis que la mer a rendu, cadavre après cadavre, tous les hommes de Vardø, les femmes du village ont pris les choses en main. La pêche. Les travaux domestiques. Mais il était dit, même aux confins du cercle polaire, qu'on ne laisserait jamais les femmes en paix. En vertu du Décret sur la sorcellerie, fraîchement entré en vigueur, il est venu du continent un pasteur étranger : Absalom Cornet, inquisiteur fanatique et chasseur de sorcières. Pour Maren, Kirsten, Ursa et les autres, toutes prisonnières chacune à sa manière, le bûcher est déjà dressé... De nouveau, comment la religion asservit les femmes (pourtant 300 ans après les Beguinages ! ) rien n'est jamais acquis.
- Man *: Orient-Occident. Saigon-Montréal. C'est le parcours de Man, une jeune femme que sa mère a voulu protéger en la mariant à un restaurateur vietnamien exilé au Québec. Man a appris à grandir sans rêver, à vivre transparente. Mais en cuisine, lorsqu'elle réinterprète les recettes toutes simples de son enfance, les émotions se déploient. Un bouillon à la tomate rappelle les déchirements d'un peuple, un dessert rapproche deux cultures, et l'art d'émincer le piment en dit long sur celui de la séduction... of, j'avais adoré le premier livre de cette auteure: Ru, j'en ai lu 2 autres et à chaque fois décue.
- La passion selon Juette ***: Juette naît en 1158 à Huy, une petite ville de l’actuelle Belgique. Mariée à treize ans, elle est veuve cinq ans plus tard. Juette est une femme qui dit non. Non au mariage. Non aux hommes avides. Non au clergé corrompu. Elle n’a qu’un ami et confident, Hugues de Floreffe, un prêtre. À quelles extrémités arrivera-t-elle pour se perdre et se sauver ? Car l’Église n’aime pas les âmes fortes... De ce Moyen Âge traversé de courants mystiques et d’anges guerriers, qui voit naître les premières hérésies cathares, Clara Dupont-Monod a gardé ici une figure singulière de sainte laïque. Après plusieurs livres sur Alienor d'Aquitaine, Clara Dupont-Monod sait nous entraîner dans l'histoire sans oublier de déployer ses personnages.
- Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes °°: Un roman explosif sur un couple de sexagénaires en crise et un portrait mordant de nos sociétés obsédées par la santé et le culte du corps. Pathétique... Quand Remington, la soixantaine, annonce à sa femme son ambition de courir le marathon, Serenata n'en revient pas. Lui qui n'a jamais couru plus de dix mètres de la chambre au salon... . Après l'étouffant " il faut qu'on parle de Kevin", j'étais impatiente de commencer ce livre; la quatrieme de couverture était assez attrayante. Déception totale, j'ai tenu 60 pages, il n'est question que de redite de ce couple qui se répete toujours la même chose. Sans intérêt! Je l'ai déjà déposé dans la boite à livres de mon quartier.
Lecture 2023 (2)
Et voici mes dernières lectures:
- Le vieux fou de dessin ***: Il était une fois au Japon, au coeur du XIX siècle, un petit vendeur des rues, nommé Tojiro. Le jeune garçon rencontre un jour un curieux vieil homme. C'est Katsushika Hokusai, le vieillard fou de dessin, le plus grand artiste japonais, le maitre des estampes, l'inventeur des mangas. Fasciné par son talent, Tojiro devient son ami et son apprenti, et le suit dans son atelier.... Un livre jeunesse qui se joue de l'âge du lecteur. Pour les passionnés de Japon.
- Retour à Killybegs***: "Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes […]. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi […]. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence. » Killybegs, le 24 décembre 2006, Tyrone Meehan. Une vraie découverte: un auteur que je n'avais jamais lu, mais qui sait nous embarquer dans l' histoire de ce pays si proche et finalement assez méconnue : la lutte de l'IRA racontée à la première personne est une réussite. L' humain broyé par des enjeux qui le dépassent, c'est un thème qui traverse les siècles et qui est sûrement encore d'actualité. Coup de coeur parfois dur, mais très instructif!
- Le Dernier Enfant*: C'est le dernier matin, du dernier dimanche. Le dernier petit déjeuner. Dans l'entrée du pavillon, les cartons sont prêts. Aujourd'hui Théo s'apprête à prendre son envol. Pour Anne-Marie, c'est plus qu'un choc, c'est un bouleversement. Rien ne sera plus jamais pareil. Son petit dernier quitte le nid et déjà elle se sent prise d'un vertige. Que va-t-elle faire, désormais, dans cette maison trop grande? Bien sûr, c'est naturel, il veut " vivre sa vie". Mais est-on encore une "mère", quand tous ses enfants sont partis? A la sortie du livre, j'avais lu la quatrième de couv. , hum, je m'étais dit qu'on était en plein cliché et que je ne le lirais surement pas. Et puis quand il est sorti en poche... au détour d'un commentaire flatteur, je me suis laissée tenter ... j'aurais dû rester sur ma première impression. Il était aussi insipide et cliché que je l'avais intuité.
- Fuir et revenir**: En vue de célébrer les 84 ans de leur grand-mère Chitralekha – événement important selon la tradition népalaise –, ses petits-enfants se rendent à Gangtok, dans l'État du Sikkim, au cœur de l'Himalaya indien. Agastaya, médecin new-yorkais reconnu mais toujours célibataire, redoute l'inquisition familiale qui s'annonce, terrifié à l'idée que la raison de son célibat soit révélée. Ses sœurs Manasa et Bhagwati, une épouse malheureuse qui vit à Londres une existence sans saveur, et une fugueuse déshonorée par sa famille et exilée aux Etats-Unis, redoutent tout autant cette réunion. Au fur et à mesure des célébrations, l'affaire se complique... d'autant qu'une servante acerbe et un invité inattendu se joignent à cette mémorable réunion de famille. Une description assez savoureuse des relations avec les aïeules, et entre les membres de la famille qui doit revivre ensemble en mélangeant leur modes de vie, souvent occidentalisés et bien différents de celui de leur enfance. Mais globalement j'ai quand meme été un peu déçue.
Lecture 2023 (1)
Une nouvelle année de lecture:
- Premier Sang ***: Amélie Nothomb est au meilleur quand elle fait une introspection dans les caractères de sa famille. Dans ce livre-ci, elle développe l'enfance de son père: Comment ce petit va se contruire entre ses 4 grands parents, si diamétralement opposés, figures tutélaires, originales et parfois loufoques, voire mal-traitantes....Mais tellement déterminantes dans la future personnalité de ce monsieur. C'est délicieux...
- La fille que ma mère imaginait ****: Tous les trois ans, c'est la même histoire: Se coltiner la fête de départ, le déménagement et de nouveaux cheveux blancs. Accepter la nouvelle destination (Taipei?!), rencontrer les autres "conjointes suiveuses" au café proche du Lycée Français, débattre de sujets cruciaux - les salons de jardin, le yoga. S'inscrire au cours de mandarin, puis abandonner. Arrêter la cigarette et la reprendre le lendemain. Dans son journal intime, l'auteure consigne son quotidien confortable et futile, quand sa mère a un accident. Ressurgissant alors leurs origines modestes, le décès de son père lorsqu'elle était enfant, le déracinement social.... Mon coup de coeur de ce début d'année: C'est d'une rare férocité, avec une écriture très vive... et cela touche juste! On se retrouve forcement dans certaines de ses reflexions et si ce n'est pas toujours confortable, ça fait quand même réflechir!
- Le garçon en pyjmama rayé ***: Pas de résumé de ce livre pour jeunes adolescents, pour leur laisser découvrir. On peut juste dire qu'il s'agit de l'histoire du jeune Bruno que sa curiosité va mener à une rencontre de l'autre côté d'une étrange barrière. (recommandé par l'Education Nationale). Evidement la couverture nous indique sûrement de quoi cela va parler... C'est très bien fait. A mettre dans les mains de vos petits collégiens.
- Les oubliés du Dimanche***: Faute de connaître sa propre histoire, Justine, 21 ans, se passionne pour celle d'Hélène, pensionnaire presque centenaire, de la maison de retraite où la jeune femme est aide-soignante. Sa vie st un roman: sa rencontre avec Lucien en 1933, leur amour, Simon le Juif caché dans la cave, la trahison, la Gestapo.... Justine obtient peu à peu de la vieille dame ses lourds secrets et finit par affronter ceux de sa propre famille. Plusieurs parcours imbriqués avec des allers- retours dans le temps et au final un livre pas mal. J'ai juste regretté la mise en place un peu longue (et franchement déprimante) des divers personnages; après un bon tiers, lecture agréable. Accrochez-vous!
-La plus précieuse de marchandises****: Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron. Non, non, non, rassurez-vous, ce n'est " Le petit Poucet"! Pas du tout. Moi-même tout comme vous je n'aime pas cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir? Allons... Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. La faim sevissait hiver comme été et puis autour de ce bois la guerre mondiale.... Ce petit livre est un conte sur l'Humanité" dans ce qu'elle a de terrible et de plus merveilleux. A lire!
Lecture 2022 (8)
Voilà mon dernier post pour clore mes lectures 2022, avec un bilan très honorables de 38 livres lus en 2022! Clairement une grande année.
- Belle Greene ***: En 1900, au coeur d'une Amérique puritaine et ségrégationniste, elle fume, boit, choisit ses amants et réussit une carrière dont aucune autre femme de sa génération ne pouvait rêver. Elle est d'une modernité inouï! Et toute sa vie est bâtie sur un mensonge explosif... Une biographie de la bibliothécaire de JP Morgan vraiment intéressante avec un style très vivant!
- Vivre avec nos morts **: En tant que rabbin, Delphine Horvilleur est confrontée chaque jour au mystère de la mort. Pour accompagner les mourants et réconforter les endeuillés, elle rente de transmuer l'inéluctable, d'y trouver du sens. Ce petit traité de consolation tresse étroitement trois fils- le conte, l'éxegèse et la confession: la narration d'une existence interrompue, la manière de donner une signification à cette mort à travers les textes de la tradition, et l'évocation d'une blessure intime ou la remémoration d'un souvenir enfoui. Les textes sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les défunts, et "le rôle d'un conteur est de se tenir à la porte pour s'assurer qu'elle reste ouverte", invitant ainsi chacun à faire la paix avec ses disparus et avec sa propore histoire. Pas ininterréssant
- La Brodeuse de Winchester**: Winchester, 1932. Violet Speedwell, trent huit ans, fait partie de ces millions de femmes restées célibataires depuis la pénurie d'hommes d'après-guerre. Pour échapper à une mère acariatre, elle décie de prendre son envol. Mais son célibat lui attire plus de mépris que d'amitié. C'est au sein du Cercle des Brodeuses de la cathédrale qu' elle trouvera le soutien qui lui manquepour affronter les préjugés de son époque. Grâce à Arthur, le sonneur de cloches, elle découvre ainsi un tout autre cercle, masculin cette fois. Au même moment, la radio annonce l'arrivée d'un certain Hitler à la tête de l' Allemagne. J'aime beaucoup cette auteure ...mais je crois qu'elle est meilleure conteuse quand ses intrigues se déroulent avant le XX siècle.
Lecture 2022 (7)
Les livres de la rentrée:
- Les Roses fauves ***: D'origine andalouse, Lola mène en Bretagne une vie solitaire et sans éclat. Dans sa chambre, face au lit où elle s'interdit de rêver, trône une armoire pleine de coeurs en tisssus. Ils renferment les secrets rédigés par ses aïeules avant de mourir. Cette vieille coutume espagnole défend cependant à l'héritière de les ouvrir. Jusqu'au jour où l'un des coeurs se déchire..... Mélant réalité et fiction, il repond parfois à son premier roman "coeur cousu".J'aime bien son univers toujours un peu poétique.
- Je suis le carnet de Dora Maar **: Il était resté glissé dans la poche intérieure du vieil étui en cuir acheté sur internet. Un tout petit répertoire, comme ceux vendus avec les recharges annuelles, daté en 1951. A: Aragon.B/ Breton, Brassaï, Balthus.... J'ai feuilleté avec sidération ces pages un peu jaunies. Chaque fois, leur numéro de téléphone, souvent une adresse. Qui pouvait bien connaître et frayer parmi ces génies du XX siecle? Il m'a fallu trois mois pour savoir que j'avais en main le carnet de Dora Maar. Il m'a fallu deux ans pour faire parler ce répertoire, comprendre la place de chacun dans sa vie et son carnet d'adresses, et approcher le mystère et les secrets de la "femme qui pleure". Dora Maar, la grande photographe qui se donne à Picasso, puis, détruite par la passion, la peintre recluse qui s'abandonne à Dieu. je ne connaissais pas du tout le personnnage, sinon de nom. Intérressant.
- L'axe du Loup***: Sylvain Tesson a refait le long voyage de la Sibérie au Golfe du Bengale qu'effectuaient naguère les évadés du goulag. Pour rendre hommage à ceux dont la soif de liberté a triomphé des obstacles les plus grands, seul, il a franchi les taïgas, la steppe mongole, le désert de Gobi, les hauts plateaux tibétains, la chaîne himalayenne.... Sur 6 000 km, il a connu le froid, la faim, la solitude extrème. La splendeur de la haute Asie l'a récompensé. Mon premier Sylvain Tesson: une véritable claque littéraire et une vraie plume. Le récit n'est presque que prétexte à la beauté des phrases! Impréssionnant. Je compte bien m'attaquer à "la panthère des neige", voyage à l'affut... mais avec un tel auteur, cela promet d'être lumineux.
- Les enfants sont rois****: Mélanie qui a grandi dans le culte de la téléréalité, n'a qu'une idée en tête: devenir célèbre. Mais son unique apparition à l'écran tourne au fiasco. Quelques années plus tard, mariée et mère de famille, elle décide de mettre en scène le quotidien de ses enfants sur You Tube. Le succès ne se fait pas attendre, et la voilà bientôt suivie par des millions d'abonnés. Jusqu'au jour où sa fille disparaît. Des années Loftstory aux années 2030, marquées par le sacre des réseaux sociaux, Delphine de Vigan explore les dérives d'une époque où l'on ne vit que pour être vu. J'ai trouvé ce livre vraiment éclairant sur un environnement que l'on perçoit plus ou moins nettement, sans vraiment y prêter attention. La partie distopique est très réaliste et fait froid dans le dos. Delphine de Vigan ne me transporte pas toujours.. mais là: si!
Lecture 2022 (6)
Et pour le mois d'août...
- Tout le bonheur du monde***: Dans leur belle maison de Chicago, David et Marylin s'aiment d'un amour ardent depuis 40 ans. Mais pour leurs quatre filles, Wendy, Violet, Liza et Grace, le modèle est écrasant : comment être à la hauteur quand on a grandi à l'ombre de parents toujours aussi épris l'un de l'autre à soixante ans qu'à vingt ? Chacune surfe sur ce traumatisme inversé à sa manière, entre complicité et vacheries, cachotteries et mensonges, échecs et aspirations. Jusqu'à ce que resurgisse Jonah, quinze ans, le douloureux secret de Violet, authentique avis de tempête sur la météo domestique. Des années 1970 à nos jours, des joies et blessures de l'enfance aux enjeux décisifs de l'âge adulte, Tout le bonheur du monde nous offre une place privilégiée dans ce grand-huit familial endiablé. Effectivement , ce livre se lit comme une série, j'ai beaucoup aimé, notamment les points de vue de chaque personnage, qui montre bien que dans toutes les familles, il y a des non-dits qui engendrent de fausses croyances. Pour celles qui s'en souviennet, c'est un peu comme la série "l'esprit de famille" de Jannine Boissard... mais 15 après, quand les filles ont grandi.
- Salina**: Quand Salina meurt, il revient à son fils, qui a grandi seul avec elle dans le désert, de raconter son histoire, celle d'une femme de larmes, de vengeance et de flamme. Laurent Gaudé réinvente les mythes pour écrire la geste d’une héroïne lumineuse et sauvage. Je garde un souvenir lumineux de "Sous le soleil des Scorta" et "Eldorado", j'ai été décu par celui-ci: bien sûr c'est très bien écrit...mais pour moi un livre plus sauvage que lumineux.
- La nuit du premier jour ***: Lyon, 1896. Blanche est l’épouse modèle d’un soyeux de renom. En dépit de son amour pour ses enfants, elle étouffe parmi ces bourgeois corsetés. Jusqu’à ce que son regard croise celui de Salim, un négociant fortuné de Damas. Elle abandonne tout pour la promesse inespérée du bonheur. Les routes de la soie deviennent celles de la passion et de l’exil. Tandis que sa fille grandit en la croyant morte, Blanche s’invente une nouvelle vie au Levant. Quand la France entre en guerre, l’Empire ottoman réprime dans le sang la révolte arabe. Prises dans la tourmente, mère et fille choisissent chacune la liberté au prix fort. L'histoire m'a emportée, sans doute parce que je suis lyonnaise, alors les canuts, le quartier d'Ainay, ça m'a parlé. Mais c'est aussi une belle histoire d'amour charnel, d'amour filial...
- Quelqu'un d'autre*: Qui n'a jamais eu envie de devenir " quelqu'un d'autre " ? Celui que l'on a toujours voulu être ? Celui qui n'aurait pas abandonné, en cours de route, ses rêves et ses désirs ? Un soir, dans un bar, deux inconnus se lancent un pari. Ils se donnent trois ans, pas un jour de plus, pour devenir cet " autre ". Mais on ne devient pas quelqu'un d'autre impunément. On risque, pour le pire et le meilleur, de se trouver soi-même. LA déception de mes livres de l'été, j'avais beaucoup aimé "Saga" et encore plus "Malavita", le pitch était alléchant, le résultat est poussif, long... Je me suis ennuyée.
Lecture 2022 (5)
Lectures de Juillet:
On en entendait beaucoup parlé au printemps ... et j'ai craqué. De plus, je trouvais que le "risque" pris par cette petite maison d'édition à côté de Bordeaux (Monsieur Toussaint Louverture) était assez beau pour être "recompensé": s'attaquer à une histoire de 1500 pages, la publier en 6 tomes de 250 pages tous les 15 jours à la manière d'un feuilleton. Je trouvais ça gonflé. Et pour ne rien gacher, le travail sur les couvertures de chacun des tomes en fait aussi de beaux objets.
Il s'agit d'une saga de fantasy, avec au final peu de créatures " décrites", c'est globalement plutôt suggéré. Evidement le premier tome pose les bases de l'histoire, donc peut paraître un peu statique. Concernant les suivants, le rythme de l'intrigue est soutenu. Dépaysant... ;-)
Pour vous mettre en haleine: Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l'Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l'implacable crue de la rivière Blackwater. Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s'apprêtent à se relever… mais c'est sans compter l'arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d'une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.